lundi 16 janvier 2012

Eugénie Grandet, Honoré de Balzac


Le roman d’Honoré de Balzac, Eugénie Grandet, s’inscrit dans la série Scènes de la vie de province, et représente l’une des œuvres majeures de la Comédie humaine. Cet épisode de 1834, que l’on replace aisément dans le contexte historique de la Restauration où les maîtres mots sont « enrichissez-vous », donne l’occasion à Balzac de dénoncer les dangers d’une course au profit, en nous présentant, à travers le personnage de Félix Grandet, un tyran avare, qui sans vergogne, impose des conditions de vie pitoyables à sa famille tandis qu’il amasse, capitalise, ne sachant plus où cacher ses sacs d’or et autres devises en tout genre.

Comme dans tout bon roman réaliste, les classes sociales sont passées au crible, et l’hypocrisie vis-à-vis des puissants est une réalité mise en scène par l’attrait des Cruchots, des Des Grassins, deux familles dont les fils respectifs ambitionnent de demander la main de la déjà plus si jeune Eugénie. Mais l’irruption de Charles Grandet, cousin parisien et fortuné, dont les manières distinguées ne laissent personne indifférent, change la donne et sert de déclencheur dans la mesure où Eugénie, jusqu’ici obéissante et effacée, laisse transparaître sa véritable personnalité et n’hésite pas à désavouer l’éducation de son père, en confiant, par amour et sur un coup de tête, l’ensemble de ses économies à Charles, trahison qui sera la cause d’une tragédie familiale dont personne ne sortira indemne.

Chaos sur la toile de Kristín Marja Baldursdóttir


Chaos sur la toile de la romancière islandaise Kristín Marja Baldursdóttir, a été publié en France à l’automne 2011. C’est le second volet d’une sorte de saga familiale moderne débutant dans les années vingt. On y suit la seconde partie de la vie de Karitas, artiste peintre. Quand le roman débute, l’héroïne a quarante-cinq ans, trois enfants avec lesquels elle entretient peu de rapports, un mari armateur toujours absent. Elle est tourmentée par la volonté de vivre en femme libre, s’affranchissant des codes de la femme islandaise des années cinquante qui ne vit que pour la famille et le foyer. Elle est une artiste d’avant-garde dont les œuvres sont mal perçues dans son pays, c’est pourquoi elle finit par partir. Karitas apprendra beaucoup lors de ses multiples séjours, entre Paris, Rome, New York et Reykjavík, notamment au contact d’autres artistes, d’autres cultures. Elle devra se remettre en question, sans cesse, tant sur le côté artistique que sur le côté personnel, sans cesse rattrapée par les obligations familiales (réapparitions ponctuelles de son mari, de ses enfants, au moment où elle s’y attend le moins).
C’est le destin d’une femme qui s’émancipe et s’ouvre au monde que le roman raconte. Il évoque aussi les mutations de la société islandaise puisque le récit s’étend jusqu’à nos jours. 

The Scarlet Letter de Nathaniel Hawthorne

Pearl, sept ans, est une enfant espiègle et intelligente. Elle est pleine de vie mais doit subir l'opprobre aux côtés de sa mère sur la tribune du village, devant un rassemblement de paroissiens d'autant plus intransigeants qu'ils redoutent les sorcières et leurs pouvoirs maléfiques et en ont déjà condamné plus d'une au bûcher.
Nous sommes près de Salem, dans le Massachusetts des années 1640 et une mère célibataire est forcément coupable, d'adultère d'abord, d'insoumission ensuite, puisqu'elle ne veut pas révéler l'identité du père de Pearl.
Les autorités civiles et religieuses useront maintes fois de leur pouvoir pour faire éclater la vérité. Arthur Dimmesdale, le jeune prêtre habité par une foi inébranlable, prêchera de longs sermons enflammés devant une audience conquise pour ramener les pêcheurs dans le droit chemin et forcer Hester Prynne à avouer ses fautes.
Mais celle qui était bannie de la société et condamnée à exhiber en permanence la lettre A en tissu rouge écarlate sur sa poitrine va peu à peu être réhabilitée grâce à ses dons de couturière et ses qualités d'écoute et de conseil à l'égard des femmes de la communauté. La femme Adultère devient un Ange domestique, qui sait prescrire des plantes médicinales étonnamment  plus efficaces que celles qu'administre le physicien émérite Roger Chillingworth au jeune Arthur Dimmesdale dont la santé décline brusquement et inexplicablement...

Le Vicomte pourfendu, Italo Calvino


Italo Calvino, avec Le Vicomte pourfendu, nous dévoile une fois de plus son univers singulier et extravagant. Ce court roman fait parti de la trilogie Nos ancêtre comprenant Le Baron perché et Le Chevalier inexistant.

Médard de Terralba jeune chevalier part en guerre contre les Turcs et découvre un nouveau monde. Au cours de sa première bataille, il est blessé, pourfendu par un boulet de canon.
Dans ce volet, l’écrivain et philosophe italien nous plonge dans une dichotomie du monde. Il pousse à son paroxysme l’horreur et la générosité de l’homme tout en ponctuant chaque page d’un humour particulier qui varie selon la partie du Vicomte abordée. La première partie du roman est consacrée au mauvais côté de Médard et souligne ce que l’homme est capable de faire par cruauté. La seconde partie du livre, qui prend une place moindre dans le roman, se focalise sur la représentation de la charité et de l’altruisme incarnée par la « bonne » partie de l’homme. Pour agrémenter le tout, le romancier nous invite à découvrir le destin d’un médecin anglais et d’une nourrice priée de vivre la fin de ses jours dans un camp de lépreux.

Ce conte, philosophique et symbolique, montre comment les hommes se traitent entre eux pour arriver à leurs fins. Ce livre, au travers d’un univers fantastique propre à Italo Calvino, nous propose de trouver en chacun de nous, la nuance et la justesse de nos actes.

Scintillation, John Burnside


C'est un livre surprenant aux multiples facettes qui se révèlent petit à petit. Si on se réfère à la quatrième de couverture, on croit avoir entre les mains un thriller : des adolescents disparaissent au fil des années dans l'indifférence générale. Ces disparitions sont le fil conducteur du roman mais ne sont pas le sujet principal. En fait, c'est le décor qui tient la place majeure dans le livre.

Le roman se situe à Intraville, lieu autrefois actif avec son complexe chimique, aujourd'hui ignoré de tous depuis la fermeture de l'usine qui a empoisonné la terre et les gens. Intraville, c’est un lieu fictif mais qui fait penser à beaucoup d'endroits contaminés et abandonnés de par le monde.

Cette ville, et surtout ce site industriel abandonné, on les découvre au travers des yeux de Léonard le narrateur principal. Léonard, comme la plupart des adolescents d'Intraville, est sans vrais parents : sa mère est partie trouver un futur plus souriant ailleurs, son père est agonisant.
Leonard dit que pour garder l'espoir dans un endroit comme Intraville, il faut aimer quelque chose et lui, ce qu'il aime c'est l'usine et les livres.

Le roman est en fait le récit de tranches de la vie de Léonard : on le suit en particulier à la bibliothèque où il se lie avec John le bibliothécaire, il faut dire que dans une ville comme Intraville, peu de gamins lisent Proust ou Dostoïevski. Les multiples références littéraires ou cinématographiques sont un vrai régal.

Mais les passages les plus beaux sont les descriptions de l'usine où il va régulièrement se promener. Il y a en particulier une page superbe où il va se réfugier dans une ancienne grue qui surplombe la zone alors qu'un orage vient d'éclater.

C'est superbe de poésie, il faut dire que John Burnside est poète avant d'être romancier et qu'il a reçu, en 2011, le « Forward Poetry Prizes » qui est la principale des récompenses destinées aux poètes en Grande-Bretagne.

Le livre est riche de bien d'autres histoires en parallèles, de moments forts que je ne veux pas déflorer.
Les personnages sont tous ciselés, sculptés avec minutie, même les plus secondaires.

En résumé, un très beau livre qui laisse un souvenir persistant.



Une étrange transformation...


Franz Kafka explore une nouvelle fois le thème de la métamorphose. L’idée d’un personnage transformé en insecte lui avait déjà traversé l’esprit en 1907 dans un récit inachevé : Préparatifs de noce à la campagne. Nouvelle propice aux multiples interprétations, La Métamorphose a pour origine la vie même de l’écrivain.
Comme son personnage principal, Gregor Samsa, qui se réveille un matin, encombré dans un corps rigidifié par une carapace, Kafka mène une vie de reclus et est traité par son père de parasite de la société. D'une plume cynique, il évoque la métamorphose de Gregor, ce petit fonctionnaire sans histoire, au travers de la vision cauchemardesque que nous renvoient ses parents. Nulle explication, seules les pensées et les sensations traversent le récit. L’équilibre et les rapports familiaux sont mis à l’épreuve, et la communication avec cette forme inhumaine se dilue au fil des mots…
Mais La Métamorphose, c’est aussi l’histoire de métamorphoses : d’une sœur qui, en essayant de surmonter son dégoût face à cette immondice, s’émancipera du giron familial, d’un père dépendant financièrement de son fils, qui rusera  pour subvenir à ses besoins.   

De la servitude volontaire, La Boétie


Comment des millions de personnes peuvent-ils se soumettre à un seul homme alors qu’ils disposent d’un moyen simple de se soustraire à cette domination : cesser d’obéir. Un autre tract gauchiste sorti des imprimeries de Tarnac ? Que nenni. Etienne de La Boétie est âgé de 18 ans lorsqu’il écrit De la servitude volontaire. Car à la question sus posée, telle est sa réponse : l’amour de la liberté n’a rien de naturel et les victimes des tyrans sont aussi leurs premiers complices.
De La Boétie décline trois sortes de tyrans : ceux qui sont élus par le peuple, les autres qui s’imposent par la force des armes, les derniers qui jouissent de leur héritage. Or, l’homme s’accoutume à la servitude, explique le jeune homme. De contrainte, elle devient volontaire.
Et de dénoncer les outils des tyrans pour abêtir leurs sujets : le théâtre, les jeux, les spectacles. La Boétie rappelle comment, pour se maintenir, le tyran n’a pas besoin d’armée : une minorité de stipendiés suffit. D’autant que, dans sa ruse, il asservit les sujets les uns par le moyen des autres.
Autrement dit, un texte court, percutant et surtout on ne peut plus d’actualité.

Aziyadé de Pierre Loti


Pierre Loti, dans son premier roman Aziyadé, nous emmène à la Constantinople du xixe siècle où il tombe amoureux d’une jeune femme appartenant au harem d’un riche marchant turc. L’impossibilité de cet amour accroche l’intérêt de son lecteur et l'invite dans un cadre idyllique mélangé à un parfum d’Orient.  

Une vie , Maupassant


Une vie à découvrir ! Jeanne, sortie du couvent, est vite mariée au comte Julien et fait l'expérience du désenchantement conjugal dans un manoir planté sur une falaise. Les rêveries romantiques de Jeanne s'évanouissent car Julien est loin d'être celui qu'on imagine. Nous sommes suspendus au destin de cette femme et ce roman fait palpiter notre coeur jusqu'aux dernières lignes. Maupassant critique l'aristocratie normande et ses hypocrisies dans une prose fluide où se cristallisent toutes les cruautés.

Voyage au centre de la terre - Jules Verne


Hambourg, 1863, dans le quartier de Köningstrasse, le professeur de renom Otto Lidenbrock géologue, naturaliste et minéralogiste apprend à son jeune neveu Axel l'existence d'un trésor énigmatique trouvé dans la boutique du vieux Helvetius. L'Heims Kringla de Snorre Turleson rédigé en vieil islandais au XIIème siècle n'a pas fini de surprendre les deux compères. En effet, un parchemin codé glissé dans l'ouvrage se retrouve à leurs pieds. Il s'agit d'un cryptogramme en caractères runiques qui une fois déchiffré révèle la personnalité cachée de son auteur, l'ancien savant alchimiste Arne Saknussemm ayant vécu au XVIème siècle. Qui peut bien se cacher derrière cet homme illustre ? Forts de leur acquisition qui stipulerait la possibilité de voyager au centre de la Terre et de découvrir les origines de l'homme, les deux scientifiques vont s'engager dans une aventure loin des sentiers battus. Axel devra-t-il renoncer à la charmante Grauben étant donné que tout se bouscule dans la tête du professeur ? Dans quelle contrée ces enthousiastes vont ils être emportés ? Où peut bien se trouver la cheminée du cratère de Sneffels ? Volcan qui serait éteint à ce jour. Accompagnés du guide Hans Beljke, un être pour le moins taciturne, les trois aventuriers s'enfoncent dans les entrailles de la terre. Grâce à ce roman d'anticipation et d'imagination, nous voici plongés au coeur des progrès scientifiques et techniques de la seconde moitié du XIXème siècle. Ici, réalisme et fantastique se côtoient pour notre plus grand plaisir. Nous rencontrerons des animaux préhistoriques nous partirons en quête d'un monde parallèle où le lecteur sera secoué par de nombreuses ondes sismiques. Que vont-ils trouver dans ce monde souterrain ? Un grand feu brûlant ? De la roche fondue ? Tout comme Empédocle qui se jeta dans le cratère d'un volcan, où pourrons les  mener le ruisseau Hans Bach, la mer Lidenbrock, le port Grauben, l'ilot Axel et le cap Saknussemm ? A chacun d'entrer en collision et de feuilleter ces pages incandescentes. 

Orgueil et Préjugés, Jane Austen


Dans la société anglaise du début des années 1800, une jeune fille à l’esprit aiguisé, Elizabeth Bennett, va faire la rencontre du hautain Darcy. Tout semble les opposer mais une connivence  va bientôt s’établir entre eux.  Leur complicité résistera t-elle à l’orgueil du riche Darcy et aux préjugés de la jeune Elizabeth  ?
Roman majeur de la littérature anglaise du xixe, Orgueil et Préjugés nous parle d’un sujet intemporel et continue à être l’objet de nombreuses adaptations littéraires et cinématographiques.

La Lettre écarlate de Nathaniel Hawthorne




Être une famille monoparentale à Boston dans les années 1640 n’est pas chose facile, comme Hester Prynne en fait l’expérience. Celle qui sera incarnée par Demi Moore au cinéma est en effet condamnée à porter constamment sur elle la lettre A en tissu rouge. Un A pour Adultère, mais un A qui prendra différentes significations au fil des pages et des rendez-vous religieux... Une nourriture cérébrale sur la religion, l’amour, la liberté, la mort... Dépaysant et captivant.

Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur de Harper Lee


Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur est avant tout un roman sur l’enfance et la confrontation au monde des adultes à travers l’histoire de Scout, petite fille de 7 ans élevée par son père Atticus à Maycomb, petite ville typique de l’Alabama des années trente. Atticus est avocat et se voit confier la défense d’un homme noir accusé d’avoir violé une blanche, nous plongeant ainsi dans l’histoire de la ségrégation raciale aux États-Unis. Publié dans les années soixante en pleine lutte pour les droits civiques, le roman connut à sa sortie un succès retentissant et est depuis devenu un classique de la littérature américaine.

Le Vicomte pourfendu, Italo Calvino

Italo Calvino nous plonge au cœur d’une guerre contre les Turcs au cours de laquelle Médard est coupé en deux. En revient une partie maléfique qui sème la terreur au pays et une autre exaltant la bonté humaine. Les deux tombent amoureux de la même femme. Pour nous livrer cette histoire, un jeune garçon, neveu du vicomte, un médecin qui ne soigne pas les hommes et quelques lépreux dévergondés. Un roman court qui dévoile les natures humaines.

Eugenie Grandet, Honoré de Balzac


Dans Eugénie Grandet, Balzac dépeint la société provinciale du xixe siècle et personnifie l’avarice à travers Félix Grandet, véritable personnage principal du roman. Sa soif de richesse, son égoïsme maladif mènera sa famille au malheur et réduira les espoirs amoureux de sa fille à néant, dans un drame familial d'une actualité saisissante.

1984 de Georges Orwell


1984 de Georges Orwell, paru en 1948, est souvent présenté comme un récit d’anticipation décrivant la société telle qu’imaginée après une guerre nucléaire mondiale.
Le héros, Winston Smith, vit dans une Londres décatie qui fait désormais partie du continent Océania. Régime totalitaire et suppression des libertés individuelles amènent Winston à remettre ce monde en cause.  

La Métamorphose de Franz Kafka.


« Gregor, Gregor ! » hurla sa mère, ce matin-là. « Es-tu malade ? ». Derrière la porte de la chambre, une voix de bête incompréhensible, des pattes secrétant une substance collante et des mandibules très robustes, qu’était devenu Gregor ? La Métamorphose, le récit fantastique d’un véritable drame familial, qui plongera le lecteur au cœur de l’imaginaire de Franz Kafka.

Voyage au bout de la nuit, toujours de Louis-Ferdinand Céline

ça débute comme ça. Simplement, un café en terrasse ; le fond de l'air est froid, on en parle, et d'autres choses. Un régiment passe, c'est la guerre, hop on s'engage. Hop c'est l'enfer.
Ferdinand Bardamu, comme vous l'indique le titre, voyage. D'abord à travers les paysages de la France en guerre, abandonnés puis repeuplés de fous qui s'entretuent furieusement et sans comprendre à quel point il est imbécile de se charcuter à tour de bras comme ça. Ensuite en Afrique, où ce n'est plus à la guerre qu'il doit faire face, mais au colonialisme, autre versant de la cruauté des Hommes, guère plus reluisant. Il fuit pour (en) finir de l'autre côté de l'océan, en Amérique, c'est le rêve à ce qu'il paraît ; il n'y trouvera pourtant que de l'exploitation. Autant revenir en France, s'établir comme médecin, et qu'on n'en parle plus.

Ce Voyage au bout de la nuit n'est pas une lecture reposante ; Céline nous embarque sans ménagement dans son roman-fleuve, au cours duquel il s'emploie à démontrer consciencieusement que l'homme est un loup pour l'homme. Abordant tour à tour les sujets historiques de la Grande Guerre, du colonialisme européen, et du taylorisme américain, il nous brosse un portrait de l'Humanité aussi désespérant que désarmant : guidés par une soif inextinguible de domination, prompts à abandonner toute idée de valeur humaine, les Hommes semblent ne pas pouvoir vivre autrement qu'en plongeant la tête la première dans leur folie destructrice. C'est peut-être comprendre cela, que de voyager jusqu'au bout de la nuit.


Les Caprices de Marianne, Alfred de Musset


Et si vous redécouvriez vos classiques ?

La plume romantique du poète et dramaturge français Alfred de Musset nous livre une vision cruelle de l’amour dans une courte pièce tragicomique : Les Caprices de Marianne, parue pour la première fois en 1833 dans La Revue des deux mondes. L’histoire se présente ainsi : Cœlio, personnage dramatique jeune et beau, aime la jeune et belle Marianne. Cependant, celle-ci, mariée au vieux juge Claudio, personnage burlesque mais dangereux, n’entend pas répondre à ses avances. Elle reste fidèle à son mari, qu’elle n’a pourtant pas épousé par choix. Mais la jalousie de celui-ci la poussera à désirer prendre un amant... Entre eux, il y a Octave, personnage joyeux, bon vivant, dont le caractère évolue considérablement au fil de l’histoire, ami et messager de Cœlio auprès de Marianne. Ces différents personnages, principalement Octave et Marianne, se livrent à de véritables joutes verbales, les réparties sont mordantes, ironiques et amusantes, pour notre plus grand plaisir.
On peut dire que cette pièce n’a pas pris une ride et qu’elle a encore de la visibilité aujourd’hui : en effet, les thèmes abordés, comme l’amour, l’amitié, la condition féminine sont toujours d’actualité. De plus, l'absence d'informations temporelles nous permet d'imaginer l'histoire à notre époque, à quelques détails près.

Northanger Abbey, Jane Austen

Ce livre de jeunesse de Jane Austen est à la fois son texte le plus court et le plus humoristique. En parodiant les romans gothiques anglais de la fin du xviiie siècle, la célèbre écrivaine livre un portrait satirique de la société de son époque, en particulier des villégiatures bourgeoises à Bath, qui étaient pour de nombreuses familles l’occasion de trouver un parti pour leurs jeunes gens à marier.
L'héroïne, Catherine Morland, est une fervente lectrice des Mystères d’Udolphe d’Ann Radcliffe. Son voyage à Bath, en compagnie d’amis de ses parents, est l’occasion de découvrir la vie mondaine, les bals et les commérages. Elle fait la connaissance du Général Tilney et de ses enfants, Eleanor et Henry, avec lesquels elle se lie d’amitié. Invitée à séjourner au domaine familial de Northanger, Catherine laisse libre cours à son imagination, encouragée par ses lectures effrayantes et plus encore par l’atmosphère médiévale du lieu et le caractère ombrageux du Général, au risque de mettre en péril sa romance avec Henry.
L’histoire finira bien pour les jeunes amoureux, mais ils auront compris au passage qu’il faut se défier d’une imagination trop romantique, et qu’il est parfois salutaire de désobéir à ses parents…

Hernani, Victor Hugo


Avec la pièce de théâtre Hernani, Victor Hugo sort des canons traditionnels de la tragédie néo-classique et offre à son public une œuvre à la fois moderne et exaltée. Déjà critiqué en 1829 pour son drame Marion De Lorme, et censuré pour la mauvaise image donnée à la figure royale de Louis XIII, l’écrivain propose dans cette pièce une nouvelle lecture du théâtre, une dramaturgie romantique qui mêle les destinées de personnages de milieux complètement opposés, chacun moteurs d’action dont dépend l’avenir de « l’humanité ».
Victor Hugo nous présente une histoire dans l’Histoire, une littéralité nouvelle et un lyrisme exalté, un texte provocateur à la structure scandaleuse pour les canons classiques. Jeux de mot, alexandrins modulés et désorganisés, langage à la fois chantant et pédant, entraînent le lecteur au temps de la Renaissance, au cœur d’un conflit historique européen majeur, dans une tragédie épique racontant la relation impossible entre Doña Sol, fille de la noblesse espagnole, et Hernani, bandit des montagnes pourchassé par le pouvoir impérial et le roi Don Carlos, lui aussi épris de la belle Doña Sol, dont les sentiments pour le brigand sont inaltérables et absolus.
La pièce d’Hernani est une œuvre magistrale, qui n’a de cesse de déclencher les animosités des auteurs classiques et de rallier une nouvelle génération d’artistes à la cause « Victorienne », génération aussi révoltée et enclin aux idées nouvelles que l’ « écrivain du peuple ».

Thérèse Raquin, Zola

En 1867 parait le troisième roman d’Emile Zola, Thérèse Raquin. Beaucoup critiqué par ses pairs, son œuvre est qualifiée de littérature putride, Zola va devoir se justifier dans une préface où il signale qu’il a voulu étudier « des tempéraments et non des caractères ».
On découvre à travers cette œuvre les prémices du naturalisme, mouvement fondé par Emile Zola. Il y met en scène des personnages et les fait évoluer dans un environnement précis.
Thérèse Raquin, alors bébé, est accueillie chez sa tante, madame Raquin. Élevée aux côtés de son cousin malade, Camille, elle mène une vie morose. Madame Raquin décide un jour de marier les deux enfants et d’ouvrir une mercerie dans Paris.
Et c’est ici que tout commence, Thérèse y rencontre Laurent, ils vont très vite devenir amants mais leur relation secrète va les pousser au crime. Ils décident de tuer Camille pour pouvoir vivre librement leur amour.
Zola nous plonge dans un univers à la fois glauque et palpitant où la folie va prendre le dessus sur la raison.

Anna Karénine , Léon Tolstoï

Russie, 1880.
Anna Karénine est une jeune femme de la haute société de Saint-Pétersbourg. Elle est mariée à Alexis Karénine, un haut fonctionnaire de l’administration impériale, un personnage austère et orgueilleux. Ils ont un garçon de huit ans, Serge.
Anna Karénine se rend à Moscou chez son frère Stiva Oblonski. En descendant du train, elle croise le comte Vronski, venu à la rencontre de sa mère. Le comte laisse passer cette très belle femme.
Anna tombe amoureuse de Vronski, cet officier brillant mais frivole. Ce n’est tout d’abord qu’un éclair, et la joie de retrouver son mari et son fils lui fait croire que ce sera un vertige sans lendemain.
Mais lors d’un voyage en train, quand Vronski la rejoint et lui déclare son amour, Anna réalise que la frayeur mêlée de bonheur qu’elle ressent à cet instant va changer son existence. Anna va lutter contre cette passion puis s’abandonnera avec un plaisir coupable à cette idylle qui signera sa fin sociale et même sa mort.
En parallèle à leur aventure, Tolstoi brosse le portrait de deux autres couples : Kitty et Levine, ainsi que Daria et Stiva Oblonski. Il évoque à travers eux les différentes facettes de l’émancipation féminine et dresse un tableau critique de la Russie de la fin du xixe siècle.

Hernani de Victor Hugo


C’est peut-être un des auteurs français les plus connus. Victor Hugo, l’irrémédiable exilé de Guernesey est réputé pour ses diatribes enflammées et ses discours engagés.
Aujourd’hui une des pièces les plus lues, appréciées et étudiées de notre littérature nationale, Hernani a fait scandale lors de sa parution et a surpris par son audace. Le protagoniste éponyme, Hernani, n’est rien de moins  qu’un bandit accusé des pires exactions, allant jusqu’à tenir tête au roi d’Espagne.
Le deux hommes se disputent les  faveurs de la jeune Doña Sol, bien que celle-ci ait été fiancée à un riche vieillard de sa famille. Harcelé par le roi qui fait valoir son droit de suzerain sur la main de la jeune femme, tenu en échec par le coupe-jarret, il est délaissé par Doña Sol dont la  préférence va au bandit. Prête à le suivre en exil par amour, elle tente de fléchir son riche et vieux fiancé.         
Las, le futur marié ne l’entend pas de cette oreille ; plutôt que de marchander avec Hernani, il est contraint de céder sa future épousée au souverain. 
 Acculé par la nécessité il se résout à œuvrer avec Hernani pour sauver la belle.
Avec cette pièce, Victor Hugo renoue avec le souffle des tragi-comédies romanesques ; empêtrés dans des questions de sang et d’honneur, les trois protagonistes se débattent pour la même jeune femme, au mépris des souhaits de la principale intéressée, dans une tension qui ne cesse d’augmenter jusqu’à atteindre sa dramatique apogée. Savamment orchestrée par l’esprit revanchard du barbon floué, la vengeance s’avèrera implacable et inéluctable.

La descente aux enfers d’un incrédule




Le Horla, conte fantastique de la fin du xixe siècle est demeuré extrêmement célèbre.
Il s’agit du journal d’un homme heureux et serein qui progressivement s’enfonce dans la mélancolie et l’angoisse sous l'influence d’une créature invisible qu'il ressent sans pouvoir la voir. Les événements étranges qui surviennent (son reflet qui disparait dans le miroir, une rose coupée par une main invisible qu'il ne voit pas)  poussent le narrateur, sceptique, à réaliser une expérience quasi scientifique. Celle-ci met en évidence le fait que quelqu’un d’autre que lui boit l’eau de sa bouteille à sa place pendant la nuit. Pourtant, toutes les nuits avant de se coucher il ferme la porte de sa chambre à clé…
Le personnage commence alors à s’interroger sur les limites de la perception humaine.
Existe-t-il vraiment une nouvelle espèce que l’homme n’est pas capable de voir et qui va lui succéder ? Cet homme est-il fou ?
Notre incapacité à trancher et l’atmosphère de ce conte servie par la plume de Maupassant en font un chef d’œuvre du genre, captivant et résolument moderne .

L'Avare


Molière (1622-1673) est un célèbres auteur du théâtre français au xviie siècle. 
Il est notamment connu pour sa pièce de théâtre L'Avare. Cette œuvre se compose de cinq actes qui dépeignent la cupidité d'Harpagon, un vieil homme obsédé par sa cassette d'or. Cette histoire se déroule dans une maison bourgeoise. Dans cette pièce, Molière expose le thème du mariage au cœur des familles de l'Ancien régime. L'enjeu est de réaliser un « beau-mariage », c'est-à-dire une noce avec une personne ayant un rang social supérieur. Or dans le cas d'Harpagon, il veut arranger le mariage de ses enfants (Elise et Cléante) à moindres frais.
Cette pièce dénonce aussi la bourgeoisie fortunée avec beaucoup d'humour, et est donc accessible dès le collège. D'ailleurs on retrouve une excellente adaptation de cette pièce, jouée par le célèbre comédien Louis de Funès qui interprète Harpagon sous le même titre L'Avare.


Hernani, Victor Hugo


 L’œuvre romanesque de Victor Hugo est absolument remarquable et demeure aujourd’hui comme l’une des plus importantes du XIXe siècle. En revanche, méconnus du grand public, ses écrits théâtraux ont pourtant bouleversé les canons du théâtre traditionnel, sans connaître un véritable succès. De sa pièce Hernani, on ne retient dans l’histoire que le scandale qu’elle a généré lors des premières représentations. Ce serait offenser la mémoire de l’auteur que de ne pas s’attarder sur la trame tragicomique de la pièce et sur des personnages éloquents, allant et venant dans un décor mêlant  fiction et réalité.

Anna Karénine

Léon Tolstoi, auteur majeur de la littérature russe du xixe siècle est connu pour ses grandes sagas comme La Guerre et la Paix mêlant la grande histoire européenne de l’époque à la petite histoire, celle de ses personnages de fiction.
Et puis il y a Anna Karénine.
Anna Karénine, c’est d’abord un titre de roman qui pour une fois, prend le nom d’un personnage principal.
Anna, c’est l’histoire d’Anna bien sûr, une femme de la haute société moscovite et pétersbourgeoise, mais c’est aussi l’histoire d’une multitude de personnages gravitant  dans son entourage. Il y a Stepan, son frère, homme débonnaire trompant allègrement sa femme Daria ; Levine, gros propriétaire terrien qui ne sait comment avouer son amour à la belle et fine Kitty ; et Alexis, le beau comte Vronski, dont Anna tombe immédiatement amoureuse, alors qu’elle est mariée à Alexis Karénine, haut fonctionnaire à l’aspect austère et terriblement orgueilleux dont elle a un fils de huit ans, le petit Serge.
Anna Karénine dresse un tableau de la haute société russe du xixe siècle, avec son luxe et son excès, mais également la descente aux enfers d’une femme qui va enfin écouter son cœur. 

Hernani ou l'Honneur castillan

Hernani, pièce du xixe, reste de nos jours indémodable tant par son style que par les thèmes qu’elle développe. Hernani, c’est l’histoire d’un trio amoureux gravitant autour de la même jeune femme, Doña Sol. Il y a Don Carlos, roi d’Espagne, Hernani bien sûr, bandit de grand chemin et surtout le riche vieillard auquel la jeune femme a été fiancée. Empêtrés dans leurs questions d’honneur, les protagonistes se laisseront malmener jusqu’au final aussi grandiose que tragique.

Saveur du vice

« J'ai pétri de la boue et j'en ai fait de l'or. »
(Reliquat des Fleurs du Mal, Bribes)


Que se rappelle-t-on de Charles Baudelaire ?
           Un homme au front proéminent, aux cheveux longs et à l'air soucieux sur un vieux daguerréotype. Et les Fleurs du Mal. Ces dernières restent généralement la porte pécheresse par laquelle on entre dans l’œuvre du poète.
       Les motifs développés y sont variés, mais l'atmosphère, lourde fragrance capiteuse, demeure : « Charme profond, magique, dont nous grise dans le présent le passé restauré ! Ainsi l'amant sur un corps adoré du souvenir cueille la fleur exquise. ». Les tentatrices aux yeux de serpents pullulent, et la Mort, envoûtante et funeste, « noire et pourtant lumineuse » (poème 38, Un Fantôme) s'immisce entre chaque vers.
            Si les poèmes de Baudelaire continuent à nous parler aujourd'hui, ils n'en sont pas moins attachés à leur époque. A une esthétique de la tourmente s'ajoute une écriture frénétique et tressautante, qui coïncide étrangement avec la généralisation de l'électricité. Où quand révolution industrielle et révolution poétique vont de pair... Baudelaire, avec ce recueil, chargé d'un érotisme noir, incarne la modernité.
            Sensible aux changements de son époque, Baudelaire offre une œuvre intemporelle avec ce bouquet de Fleurs du Mal. Un bouquet de roses noires, évidemment.

Rien ne s'oppose à la nuit, Delphine de Vigan


Après le succès considérable de No et moi, adapté au cinéma par Zabou Breitman en 2010, Delphine de Vigan revient pour cette rentrée littéraire 2011 avec un roman très personnel, probablement le plus intime qu’elle ait écrit jusque-là.
Son titre, Rien ne s’oppose à la nuit, inspiré d’une chanson d’Alain Bashung, ainsi que sa couverture, très belle photographie en noir et blanc d’une femme (la mère de l’auteur en l’occurrence), ont un réel pouvoir d’attraction. Et dans ce cas-là, vous pouvez vous fier aux apparences ! Vous ne serez absolument pas déçus par l’histoire de cette famille tout à fait singulière, dont la vie va être traversée de grands drames, tout comme de grands bonheurs. L’auteur va tenter, à travers l’écriture de ce roman, de remonter aux origines et de comprendre les raisons du suicide de sa mère. Tout au long du livre, elle nous fera partager ses sentiments et ses doutes quant à l’écriture de celui-ci, ainsi que son appréhension vis-à-vis de la réaction de ses proches.
Ce roman autobiographique est avant tout un hommage, une déclaration d’amour de l’auteur à sa mère, décédée depuis peu (elle a commencé l’écriture du livre deux ans environ après le décès de sa mère). Bouleversant.
Livre à lire d’urgence donc (si ce n’est pas déjà fait) et dont vous ne sortirez probablement pas indemnes…   

Les Caprices de Marianne, Alfred de Musset

Coup de cœur pour la pièce de théâtre Les Caprices de Marianne, d’Alfred de Musset, parue en 1833 : Une tragicomédie en deux actes composée de dialogues pinçants, grinçants et amusants. Les personnages principaux sont peu nombreux : une belle jeune femme et trois hommes : le mari, vieux et riche, l’amant, jeune et beau, le messager de l’amant. Découvrez qui emportera le cœur de la belle…

Le cœur est un chasseur solitaire, Carson Mc Cullers

Le cœur est un chasseur solitaire, que Carson Mc Cullers écrit à l’âge de 22 ans, est son premier roman. Dans ces pages, tout est déjà là : ce qui suivra dans l’œuvre de la romancière, ce qui l’obsèdera, le tout déployé avec une maîtrise et une ambition dignes d’un roman de la maturité. Peu de temps avant la seconde guerre mondiale, dans un petit village des États-Unis où le racisme fait rage vivent Mike, une adolescente qui rêve de fuir et de devenir musicienne, Jake et le Docteur Copeland, qui mènent un combat sans fin contre la ségrégation et l’injustice qui sévissent dans la société, et Singer, sourd-muet, dont tout le monde se dispute la sympathie et la « compréhension ».
Pas à pas, le roman suit ces individus dans leur solitude et dans leur lutte pour s’en extirper. Et l’on trouve déjà dans ces lignes l’idée que l’amour n’est que rarement partagé, à travers la ronde d’âmes solitaires que le roman met en scène. Les destins vacillent, le désir d’aimer et de s’accomplir s’exprime, pousse certains personnages à la fuite, d’autres à l’irréparable.
À la fois d’une grande noirceur, comme l’existence, et lumineux, comme l’amour que la romancière portait à l’humanité, ce premier roman interroge le monde et laisse entrevoir une once d’espoir.

Des récits d'aventures incroyables...

C’est l’histoire du plus animal des meurtriers qui tue Mme L’Espanaye et sa fille. C’est l’enquête sur le vol d’une lettre dont on connaît déjà le coupable. C’est un trésor qui relie William Legrand, un scarabée d’or et un certain Kidd. C’est un raccommodeur de soufflets qui entreprend un voyage sur la lune en ballon. C’est la mort d’une femme qui n’est peut être jamais morte….
Figure du romantisme américain, Edgar Allan Poe s’inspire du plus simple fait divers pour en faire une aventure extraordinaire. Le lecteur d’aujourd’hui découvre un univers fantasmé du XIX par l’auteur. Fantasme que l’on retrouve dans l’œuvre d’un réalisateur qui nous est contemporain très inspiré par Edgar Allan Poe, Tim Burton. Avec l’auteur comme avec le réalisateur, le fantasque est omniprésent. Le spectateur actuel comme celui d’hier se voient ainsi emporter dans un tumulte d’images décrites par Poe ou réalisées par Burton avec un même sentiment dominant : la peur.
Que ce soit dans ses contes, dans ses nouvelles ou dans ses romans, Edgar Allan Poe transmet la peur des personnages à ses lecteurs par l’écriture. Lire un récit de cet auteur, en plus de remettre en cause la réalité que l’on connaît, plonge le lecteur dans son propre imaginaire et dans ses propres angoisses du « tout est possible, qu’on y croit ou pas ! ».
Traduites par Charles Baudelaire, les Histoires extraordinaires se voient ainsi associées à un autre grand nom du XIXe siècle. Leur était-ce nécessaire puisqu’il ne suffit que d’une ligne pour s’envoler dans un ballon vers la lune ?

Thérèse Raquin, Émile Zola

En avant-première de la célèbre série des Rougon-Macquart, Emile Zola nous offre dans Thérèse Raquin une peinture du naturalisme. Il a voulu étudier « des tempéraments et non des caractères » comme il le signale dans sa préface. Thérèse Raquin, c’est l’histoire de deux personnes, Laurent et Thérèse qui vont tomber dans la démence après avoir tué le mari de cette dernière pour pouvoir vivre leur amour.
Dans une ambiance horrifiante, Zola décrit avec précision la chute vers la folie de deux êtres humains.

Histoires extraordinaires, Edgar Allan Poe

La peur gouverne les hommes. C’est sur ce principe qu’Edgar Allan Poe a rédigé ses treize histoires Histoires extraordinaires. Le lecteur plonge dans l’univers du xixe siècle fantasmé par l’auteur où toutes nouvelles découvertes deviennent un récit extraordinaire. Le lecteur suit les aventures de C. Auguste Dupin, de M. William Legrand, de Hans Pfaall, de M. Valdemar…. Traduites par Charles Baudelaire, les Histoires extraordinaires rassemblent les talents de deux grands auteurs.

Madame Bovary

Madame Bovary, grand classique de la littérature française de Gustave Flaubert, paru en 1857, retrace l’histoire d’une jeune femme, Emma, qui s’ennuie profondément dans son mariage avec Charles, médecin, et qui tente de trouver le bonheur dans les bras d’autres hommes, mais en vain. Les déceptions amoureuses, ainsi que les nombreuses dettes accumulées, la mèneront jusqu’au bout de la déchéance. Roman incontournable à découvrir (ou redécouvrir) d’urgence !

Le coeur est un chasseur solitaire, Carson Mc Cullers

Le cœur est un chasseur solitaire de Carson Mc Cullers est un premier roman mais a tout d’une œuvre de la maturité. En mettant en scène quelques personnages esseulés tels Mike, une adolescente qui rêve de fuir et de devenir musicienne, ou Singer, sourd-muet déambulant dans ce petit village des États-Unis, ce roman nous propose de suivre une poignée d’individus dans leur lutte, souvent inaboutie, contre la solitude.
À travers une réflexion sur l’amour, rarement partagé, et sur le racisme et l’injustice ambiants dans la société américaine du milieu du xxe siècle, Carson Mc Cullers s’impose d’emblée comme un auteur incontournable à redécouvrir, tant les thèmes traités dans ces pages se révèlent intemporels.

Cyrano de Bergerac, Edmond Rostand

Cyrano, escrimeur et poète de talent défiguré par un nez démesuré, aime sa cousine Roxane. Cette dernière lui préfère Christian, un jeune officier beau mais dépourvu d’éloquence. L’hommage de Rostand au grand écrivain du xviie siècle que fut Bergerac ravit ses lecteurs dans cette pièce à la fois touchante et spirituelle, dont les vers ne manquent pas de panache.

Voyage au bout de la nuit, Louis-Ferdinand Céline

Vous avez déjà entendu parler de Voyage au bout de la nuit. On vous a dit que Céline était antisémite, que son roman a fait scandale, que son héros est un méprisable lâche. Vous avez entendu ce terme de «  gouaille célinienne  », chaque fois utilisé pour désigner ce mélange si particulier d'argot et de poésie qui fait la force de son style. Vous savez que Céline était médecin, que son livre est plein de corps, qu'il est difficile de s'y plonger sans en ressortir indemne... Et vous ne l'avez pas encore lu ?

Le Horla


Conte fantastique de la fin du xixe siècle extrêmement célèbre, Le Horla raconte la descente aux enfers d’un homme apparemment heureux et équilibré qui constate l’intrusion dans sa vie d’une créature invisible qui subtilise son énergie et sa joie de vivre.
L’atmosphère angoissante de ce conte et notre incapacité à trancher en faveur du surnaturel ou de la folie en font un chef d’œuvre du genre. 

Anne BURZYNSKI.

Les Fleurs du Mal

Dès le titre, le lecteur plonge dans l'essence même du recueil sulfureux de Charles Baudelaire. Censuré en son temps, le poète avait du ôter quelques textes de l'ouvrage et s'acquitter d'un amende. Le lecteur d'aujourd'hui sourira en pensant à cette condamnation pour outrage aux bonnes mœurs qui n'avait pas su cerner la richesse littéraire du recueil.
Entre femme-diablesse alanguie ou charogne découverte au détour d'un chemin, la plume de Baudelaire nous entraîne dans une esthétique fiévreuse et vénéneuse, morbide et passionnée. Entrées au panthéon de la poésie française, ces Fleurs du Mal, une fois écloses, n'auront de cesse de vous enivrer. 

La Malvenue de Claude Seignolle.



La Malvenue, c’est l’histoire d’une malédiction qui poursuit une famille sur plusieurs générations.
            En Sologne, il y a longtemps, un paysan en retournant la terre de son champ tranche la tête de pierre d’une déesse antique. Le Breton, comme on le surnomme, la rapporte chez lui, et s’ensuit toute une série d’événements étranges.
            La femme stérile du fermier fait sur le visage de pierre un vœux qui sera exaucé : elle aura un enfant, une fille, qui porte une marque en forme d’étoile sur son front. Malheureusement, peu de temps après, Le Breton mourra  dans  des circonstances tragiques…
            16 ans plus tard, l’enfant née de façon miraculeuse retrouve par hasard les fragments de la statue qui a été détruite et ainsi commence à répandre le malheur autour d’elle.
            Claude Seignolle est un écrivain français dont les oeuvres fantastiques puisent dans notre patrimoine légendaire. Situé dans le Périgord, la nouvelle est  aussi un portrait du milieu rural de cette région au début du  xxsiècle, avec ses moeurs ses traditions et ses coutumes.

Les Bois de Sawgamet Par Alexis Zentner



Les premières neiges vont tomber sur la petite ville de Sawgamet. Nichée au bord de la rivière et perdue au plein cœur des bois, elle voit le retour du narrateur après vingt années d'absence. Il n’y revient pas par hasard. Sa mère, mourante, le réclame à son chevet. Ce sera pour lui l’occasion d’évoquer son père et son grand-père, qui sont entrés dans la légende de la ville.

Alors que la neige recouvre les paysages, et que la nature semble se figer, l’auteur nous emmène dans un récit où le temps et l’espace sont abolis. Passant quasiment sans transition de l’enfance de son grand-père à la sienne, le narrateur nous plonge dans un univers fascinant qui s’apparente au jardin d’Eden. La nature et les créatures mystérieuses, comme un élan doré, en sont autant de signes.

Pourtant, l’obscurité peut être fatale. Des fantômes hantent les bois, et une simple partie de pêche ou une promenade en canoë peuvent mener les héros aux portes de la mort. Et, quand le vent glacé du nord apporte avec lui les nuages chargés de neige, tout le monde sait ce que cela signifie. L’hiver arrive pour de long mois, et va enterrer  les personnages sous des mètres et des mètres de neige. Gare à ceux qui sont pris au piége, car le froid prendra son tribut. Et, pour survivre, certains seront contraints de commettre des actes innommables. 

L’auteur nous livre ici une œuvre magistrale. L’écriture, légère comme la neige, nous plonge dans une épopée familiale fascinante qui nous mène aux portes de la légende.


Freedom, Jonathan Franzen


L’auteur des Corrections nous revient avec un roman-fleuve qui, à travers le destin d’une famille, couvre plusieurs décennies de l’histoire récente des États-Unis. Depuis les aspirations idéalistes des années 70 jusqu’aux désillusions de l’ère Bush, Jonathan Franzen brosse deux générations de personnages hauts en couleurs qui se séparent et se retrouvent au fil des années. On suit notamment la vie de Patty, héroïne sans conteste du roman et femme magnifiquement dépeinte, tour à tour sportive de haut niveau, muse et desperate housewife, qui finira par trouver sa propre voie en suivant celle de l’écriture. En s’attaquant au thème de la famille, Franzen fait revivre de grands mythes universels comme l’opposition du père et du fils ou le motif du triangle amoureux, mais il s’attache tout autant à analyser l’histoire d’un pays et de ses différentes générations, au travers d’innombrables références à la politique et à la culture populaire américaine. En décrivant toute une galerie de personnages à la fois individualistes et engagés, cette fresque familiale nous touche tous en soulevant la grande question de la liberté : qu’est ce que la véritable liberté, qu’en fait-on, peut-on jamais en abuser ? L’interrogation restera entière jusqu’à la fin de ce roman-miroir qui engage un des personnages dans des luttes écologiques liées à notre propre actualité.


Eros et Psyché de Jean de La Fontaine


Psyché est la plus belle jeune fille noble de sa contrée. Et pourtant, son père ne parvient pas à la marier. Aucun homme, en effet, ne se pense digne de sa beauté presque surnaturelle qui nourrit d'ailleurs bien des jalousies, notamment celles de ses deux soeurs. Aussi Psyché décide-t-elle de se sacrifier pour préserver les siens en acceptant d'épouser une terrible divinité que tous redoutent et décrivent comme monstrueuse. Mais personne ne l'a jamais vue, pas même la jeune épouse. En effet, même Psyché n'a pas le droit de voir l'apparence de celui qu'elle a épousé et dont le comportement est loin d'être aussi sauvage que celui qu'on lui avait décrit. Elle se prend même à en tomber amoureuse tout en s'imaginant un aspect physique plaisant. Cependant, l'imagination ne suffit pas à combler la curiosité, et, abreuvée des paroles venimeuses de ses soeurs, jalouses de sa beauté et de son mariage bienheureux, Psyché finit par contourner l'interdit et découvrir le visage de son époux, qui n'est autre que celui du dieu Eros. Trahi, celui-ci abandonne une Psyché éplorée, qui n'aura de cesse d'effacer son erreur afin de le retrouver. Il lui faudra pour cela surmonter toutes les épreuves dressées sur sa route par l'entremise d'Aphrodite, mère d'Eros, qui nourrit elle aussi une certaine jalousie envers elle. 

Ce mythe rompt avec les légendes antiques le plus connues dans le sens où l'interdit vise cette fois-ci une figure féminine. De plus, contrairement à la célèbre histoire de Méduse, Psyché n'est pas changée en statue de pierre, mais la transformation est bien présente. Eros et Psyché met en avant un parcourt initiatique au cours duquel s'opère une véritable métamorphose. La Fontaine renouvèle avec talent ce célèbre mythe dans une vision adaptée à son siècle, codifiée et moralisatrice. Surtout connu pour ses Fables, l'auteur de grand renom du XVIIe  siècle excelle cependant dans ce nouvel exercice.Transposé en prose, le récit empli de lyrisme, n'en est pas moins enchanteur, et c'est avec le plus grand plaisir que nous suivons les pérégrinations de la malheureuse héroïne à travers son voyage initiatique. 

Malice in Wonderland, Simon Fellows

Une étudiante américaine se retrouve pourchassée dans les rues du Londres contemporain. Lors de sa fuite, elle se fait renverser par un taxi et perd connaissance. Whitey, le chauffeur très en retard et donc très pressé, la porte dans son taxi mais continue sa route. Alice se réveille donc dans le taxi, amnésique et totalement perdue, à des kilomètres de Londres. Une recherche de ses souvenirs ainsi que de son identité démarre alors. La jeune étudiante doit également déterminer à qui faire confiance dans cet univers étrange peuplé de personnages plus douteux les uns que les autres. Dans sa quête, elle est amenée à remettre en question ses idées sur les apparences, le destin et l’amour.
Simon Fellows nous présente ici une adaptation moderne du roman de Lewis Caroll, Alice au pays des merveilles, totalement jouissive. Le lapin blanc est un chauffeur de taxi un peu paumé, Alice une jeune étudiante en droit et le pays des merveilles le quartier général de la pègre. Le spectateur est ainsi très vite plongé dans un monde absurde et psychédélique qui reste cependant sombre. On ne sait jamais quel personnage va ensuite apparaître et sous quelle forme il aura été plongé dans le monde moderne. Les péripéties d’Alice au milieu de ce quartier malfamé parsemé de dangers s’enchaînent à un rythme effréné qui nous entraîne jusqu’au bout du film. L’ambiance du film, si particulière, ne vous lâchera pas avant longtemps.

This is England de Shane Meadows


Dans l’Angleterre des années Thatcher on suit le destin d’une bande de jeunes skinhead. 1983, Shaun est un jeune garçon solitaire de 12 ans dont le père est mort durant la guerre des Malouines. Suite à une bagarre à l’école, il se retrouve pris sous l’aile de Woody et de ses comparses et découvre ainsi les joies de l’amitié. L’arrivée de Combo, ami de Woody qui vient de passer 3 ans en prison, va bouleverser l’unité du groupe et remodeler les amitiés.
Dans la lignée du cinéma social anglais de Ken Loach, Shane meadows nous montre la froideur d’une Angleterre des années 1980 en pleine récession et bouleversement politique. Véritable historique du mouvement skinhead, le film nous illustre l’évolution de celui-ci en diverses branches, d’apolitique à  mouvance d’extrême droite. Le film est bercé par une bande originale teintée de ska, genre de prédilection de ces jeunes lads, avec des morceaux d'un groupe mythique comme Toots and the Maytals qui accompagnent les scènes les plus enjouées. En plus de la musique, les divers aspects de la culture skin sont abordés, les Doc Martens et la chemise Ben Sherman en tête, avec la volonté de mettre en avant le côté communautaire et marginal de ces jeunes aux crânes rasés.
 Mêlant la froideur de l’Angleterre de province que l’on retrouve dans le control d’Anton Corbjin à la violence raciste crue d’American history x, This is England est aussi une ode à l’amitié digne du péril jeune.

Il faut qu'on parle de Kevin, de Lionel Shriver


Il faut qu’on parle de Il faut qu’on parle de Kevin, de Lionel Shriver édité chez Belfond en 2006. L’auteur du récent Tout ça pour quoi nous narre ici l’histoire poignante d’une mère américaine dont le fils a commis un massacre dans son lycée, comme lors des évènements mis en scène dans Bowling for Columbine de Michael Moore ou Elephant de Gus Van Sant.
Au fil de lettres envoyées à son mari absent, Eva retrace son passé, l’histoire de son couple et la naissance de ce fils étrange et détaché, jusqu’à l’acte final, tout en entrecoupant ce récit de mentions de sa vie présente, « post-jeudi » comme elle qualifie le jour du massacre, et de sa relation avec le monde et avec son fils en prison.
Le récit particulièrement violent et choquant parfois, de cette relation froide et détachée entre une mère et son enfant, qui va à l’encontre de tous les discours moralisateurs adressés aux parents aujourd’hui, est soutenu par une narration particulièrement efficace  : l’auteur alterne les longues phrases remplies de digressions, d’à-côtés et de réflexions personnelles et les formules lapidaires, incisives, qui reflètent parfaitement l’histoire à la fois fantaisiste, disjointe et violente de cette mère.
Shriver arrive à se tirer d’un exercice délicat en sortant des sentiers battus et en tirant au cœur des problèmes actuels de la société américaine. Sans concession, elle nous montre le parcours d'une femme aujourd'hui, face à la société, à sa famille, à elle-même, tout en réussissant le pari de ne pas abandonner l’émotion et les sentiments. Vous sortirez de cette lecture bouleversés et changés.

Scott Pilgrim, de Bryan Lee O'Malley



La vie de Scott Pilgrim est loin d’être ordinaire. Dans ce roman graphique canadien s’inspirant beaucoup des comics et du manga, le lecteur suit les aventures de Scott, jeune homme de 24 ans, à la vie tranquille. Il habite avec son colloc gay, sort avec une lycéenne, joue dans un groupe comme bassiste. La belle vie ! Mais une rencontre va changer ce quotidien sans remous. Cette facétie du destin s’appelle Ramona Flowers, et Scott succombe immédiatement à ses charmes. Mais toute rose a des épines, et celles de Ramona sont au nombre de sept : les sept ex-petits amis maléfiques. Pour pouvoir garder le cœur de sa belle, Scott devra les éliminer un par un. Mais rien n’est simple dans la vie de Scott Pilgrim, et ses propres vieux démons vont refaire surface pour l’empêcher d’accomplir sa quête.


Dans un style unique, Scott Pilgrim est une véritable bouffée d’air frais dans le monde de la BD. Son ton décalé, son graphisme unique ainsi que son humour omniprésent en font un must-have. Les nombreuses références à la pop-culture créent une ambiance folle et survoltée tout au long des 6 volumes que comporte la série.
L’adaptation cinématographique sortie en 2010 retranscrit parfaitement l’atmosphère de la BD, et est rapidement devenu un emblème de la communauté geek.

Lire Scott Pilgrim est à présent un passage obligé pour quiconque s’intéresse à la culture geek, ou tout simplement pour qui veut passer un très bon moment de divertissement. 




D'un château l'autre, Louis-Ferdinand Céline


Véritable retour au succès de Céline après le purgatoire de l’après-guerre (en 1957), D’un château l’autre marque le début d’une nouvelle trilogie qui se poursuivra avec Nord et s’achèvera avec Rigodon. Ainsi, Céline cesse d’être écrivain, il devient un chroniqueur, dépeignant une fin de guerre mouvementée qui l’amènera à fuir et à voyager a travers l’Allemagne, de trains en trains, d’aventures en aventures.  Accompagné de ses acolytes Pierre Le Viguan (alias « la vigue »), de Lucette Almanzor et Bébert (sa femme et son chat), nous voyons les tribulations d’un écrivain tricard en France, n’ayant pour seule solution que la fuite. 
Céline nous offre également une galerie de portraits au vitriol des principaux collaborateurs qu’il sera amené à rencontrer a Sigmarigen, véritable Q.G des collabos en fuite. Ce livre marque également un renouveau dans le style de l’écrivain. Restant dans le style naturaliste de ses débuts, Céline se rapproche de plus en plus du langage parlé et introduit sa marque, son fameux « … ! ».
Ce livre, très important dans l’œuvre de Céline, marquera son retour sur le devant de la scène. La presse littéraire,  ainsi que la télévision s’intéressera de nouveau à Céline, celui qui donnera même des interviews (notamment a Madeleine Chapsal pour L’Express et Louis Pauwels pour l’émission télévisée Lectures pour tous).

Le Livre des fêlures, 31 histoires cousues de fil noir

Paru aux éditions 13e note, Le Livre des fêlures est une anthologie non exhaustive de textes courts marinés dans le bourbon, saturés de drogues en tous genres et suintant le sexe vitreux et apocalyptique.  Des Neo Beats aux méta-réalistes, en passant par les brutalistes et les minimalistes, de Dan Fante à Mark SaFranko en passant par Nick Tosches, les écritures sont torturées, salies, souillées par la fêlure de l’écrivain. Trente et un auteurs mutilés de l’intérieur, qui préfèrent coucher leurs déchirures sur le papier, exposer leurs plaies à l’air libre, peut-être pour les faire sécher, enfin.
Les éditions 13e note livrent un recueil magistralement constitué, s’ouvrant sur une citation de Crumb, maître du comic underground : « Etre un artiste sincère et sérieux en Amérique, c’est être un loser ». Pas de sérieux donc, et aucune mission pédagogique pour une introduction remarquable, retraçant les différents courants littéraires sur fond de Jim Morisson. Il faut dire que Patrice Carrer sait de quoi il parle : qui mieux qu’un spécialiste de Kerouac peut nous parler de ses héritiers ? Par ailleurs traducteur de Bukowski et de Burroughs Junior, le directeur d’ouvrage choisit une mise en page dans laquelle les portraits des auteurs sont autant de « fils noirs » qui parcellent un opus spasmodique.
Trente hommes, une femme, pour autant de textes au vitriol, héritages de la Beat Generation. 

J. Edgar, un film de Clint Eastwood

J. Edgar est un film qui dépeint l’un des personnages historiques les plus puissants du xxe siècle  comme un homme faible, fils à maman qui ne peut pas affronter ses sentiments et son homosexualité et qui du coup essaie de contrôler les autres. Sur fond de fresque historique qui raconte comment le FBI est passé d’un petit service du ministère de la Justice à une institution qui a fait trembler tous les présidents des Etats-Unis Clint Eastwood dresse un fin portrait psychologique qui détonne avec l’image de l'homme tout-puissant qu’il dégageait lui-même dans ses rôles. Le cinéaste nous décrit l’envers de la virilité, jouant à renverser l’image qu’a le spectateur de l’acteur qu’était Eastwood. Est-ce un autoportrait fantasmé ? C’est fort possible quand on sait à quel point le cinéaste s’est placé au centre de tous ses films. Mais Eastwood explore une veine de plus en plus forte sur la crise de l’identité virile. Pensons à Shame de Steve MacQueen, aux livres de Philip Roth comme Portnoy’s Complaint. Ceux qui ont été marqué par ce film doivent lire De l’identité masculine d’Élisabeth Badinter. On peut également recommander Clint fucking Eastwood de Stéphane Bouquet qui montre l’obsession virile du cinéaste. Un spectateur français peut regretter que la dimension politique et historique soit moins explorée. Un cinéaste européen n’aurait sans-doute pas eu le même regard sur le grand patron du FBI. Mais c’est un parti-pris du film qui est déjà assez long pour qu’on ajoute une autre dimension au drame psychologique.

Lolita , Vladimir Nabokov

Laissez-vous séduire par l'éternelle Lolita, où les jeux perpétuels d'une fillette de douze ans et l'obsession inquiétante d'un quadragénaire vous entraînent dans un récit sensuel et envoutant, où la sexualité et le crime rythment les pages. Plus qu'un récit, il s'agit d'un cri, celui d'un homme devant un jury, une longue plaidoirie mêlant le rêve aux souvenirs, dont vous ne sortirez pas indemne.

Guillaume Babdor : coup de coeur Oreille rouge d'Eric Chevillard

Oreille Rouge, Eric Chevillard 
On a souvent tendance à sacraliser l'écrivain. Une figure mystérieuse nimbée d'une aura de savoir, un maître dans l'art de la langue, autant d'attributs qui tendent à élever ce dernier au rang de démiurge intouchable. - Bêtise que tout cela ! - nous crie Eric Chevillard. Pour lui, l'écrivain c'est avant tout l'insatisfaction ; un paria perdu dans la foule, un Indiana Jones que seule la verve créatrice conduit à trouver les plus grands trésors dans les choses les plus insignifiantes. Loin des lubies, il faut y voir un créateur désabusé propulsé dans son art par quelque velléité. Dans la quiétude sociale, le conflit entre l'écrivain grognon et le monde figé dans ses normes ne fait que commencer ! 

Voyage au bout de la nuit, Louis-Ferdinand Céline

Paris, place de Clichy, 1914.
Une parade militaire défile, un air tout proche...
Assis à la terrasse d'un café, Ferdinand Bardamu s'engage ainsi, presque en dansant, pour la grande guerre.
Envoûtement et ryhtme: point de départ du Voyage.
Nous suivons le personnage à travers ses pérégrinations, nous découvrons avec lui l'horreur du front et celle du colonialisme, nous traversons les États-Unis d'après guerre : taylorisme, dollars, bordels...
Long cauchemar visionnaire à l'intérieur duquel la langue célinienne se répand violemment et crûment.
La langue vous secoue par ses inventions et dit le pire avec une lucidité et un sarcasme saisissant.
Le voyage est un laboratoire, l'on y observe l'homme à la loupe: lâcheté, mépris, stupidité...
On y rit comme on y pleure. Bref, on s'y sent vivant. Chef d'oeuvre.

Eros et Psyché de Jean de La Fontaine

Fille de roi, Psyché accepte de se sacrifier pour sauver les siens en épousant une divinité que tous redoutent et disent monstrueuse. Mais personne ne l'a jamais vue, pas même la jeune épouse. Abreuvée des paroles venimeuses de ses deux soeurs, celle-ci finit par contourner l'interdit et découvrir le visage de son époux, qui n'est autre que celui du dieu Eros. Trahi, celui-ci abandonne Psyché qui n'aura de cesse d'effacer son erreur afin de le retrouver. La Fontaine renouvèle avec talent ce célèbre mythe dans une vision adaptée à son siècle. Transposé en prose, le récit n'en est pas moins enchanteur, et c'est avec le plus grand plaisir que nous suivons les pérégrinations de la malheureuse héroïne.

Belle du Seigneur, Albert Cohen

Grand Prix du roman de l’Académie française lors de sa parution en 1968, Belle du Seigneur est considéré comme le chef d’œuvre de la littérature amoureuse du xxe siècle. Dans le Genève des années trente, l’obsession de son ascension sociale et professionnelle empêche à Adrien Deume de voir ce qui se trame pourtant sous ses yeux : son bien-aimé patron Solal séduisant Mme Deume. Peinture de la mièvrerie du mari et de la misogynie de l’amant, véritable bijou stylistique, Belle du Seigneur se déguste toujours avec plaisir.

Le Portrait de Dorian Gray d'Oscar Wilde

« Le seul moyen de se délivrer d'une tentation, c'est d'y céder » : cette célèbre citation reflète bien l'esprit de l'unique roman d'Oscar Wilde, qui nous raconte la déchéance du beau Dorian prêt à sacrifier son âme pour rester éternellement jeune, grâce à un portrait qui vieillit à sa place... Réflexion sur l'art, la morale, ce roman fantastique du xixe siècle est parsemé d'aphorismes cyniques qui rendent sa lecture toujours aussi savoureuse.

Mort à crédit, Louis-Ferdinant Céline

À travers ce roman qui retrace sa jeunesse, Louis-Ferdinant Céline déploie son génie et sa maitrise de la langue française. Il déroule les récits des évènements marquants et fondateurs de ses jeunes années de manière franche, voire crue, sans jamais se départir de la colère et de la nervosité qui le caractérisent, sans néanmoins se départir d'un humour certain.
Ce récit autobiographique est aussi l'occasion pour Louis-Ferdinant Céline d'adapter le langage oral vers l'écrit, créant ainsi un style inimitable et reconnaissable entre tous.

Hamlet, William Shakespeare

Hamlet, prince rêveur du Danemark, est visité par le fantôme de son père, assassiné par son frère dans le but de s'emparer du trône. Suite à cet appel à la vengeance, Hamlet doit lutter contre ses proches et remettre en cause tout son univers.
Cette tragédie shakespearienne nous plonge au coeur d'un drame familial et politique et des interrogations existentielles du jeune Hamlet, piégé dans sa mission. "To be or not to be", c'est encore et toujours la question.

Lucrèce Borgia , Victor Hugo

Lucrèce Borgia, pièce de théâtre méconnue de Victor Hugo, réécrit le mystère autour des Ducs de Ferrare. En effet, si l’histoire apporte quelques données pour les moins sanglantes sur les Borgia, Victor Hugo reprend à son compte les thèmes de l’ambition, de l’inceste et du meurtre dans cette famille pontificale qui a régné par la pression et les menaces sur l’Italie du Xvie siècle. Le genre théâtral permet de rendre poignantes la maternité de Lucrèce ainsi que ses obligations transposées dans cet univers sombre.
Zazie dans le métro  de Raymond Queneau.

Si ce roman fut un énorme succès librairie, il n'en reste pas moins obscur , voire même impénétrable pour le plupart d'entre nous.
Zazie, petite fille insolente,  se retrouve à Paris pour un week-end, chez son oncle, Gabriel. Sa seule exigence: prendre le métro. Nous suivrons alors ses déambulations , à travers un Paris immobilisé par la grève.
 L'écriture est le grand personnage de ce roman. Vive, malmenée,  Queneau, grand fervent d'un français moderne et vivant, redonne à cette langue une poésie, un rythme et une personnalité. Il nous entraine dans une course folle, dans ce Paris qu'il aime tant, et nous livre un roman-poême émouvant et magique.

La Saga des Groenlandais, Anonyme




Eirkr le Rouge, condamné pour le meurtre d’Eylofr la fiente, doit quitter l’Islande. Il part vers l’Ouest à la recherche de terres aperçues par d’autres navigateurs qu'il nommera Groenland. Mais ce sont ses fils qui, malmenés par les courants et les vents, vont découvrir de nouvelles terres et y accoster. Entre récit de voyage et histoire familiale, la Saga des Groenlandais nous emmène à la découverte de nouvelles terres. Les échanges avec les Skraelings ou l’irruption de phénomènes fantastiques sont autant de temps forts du  récit.

Voyage au bout de la nuit, Louis-Ferdinand Céline

Voyage au bout de la nuit, Louis-Ferdinand Céline

Quelle dose de réalité pouvez-vous supporter ? La question de Nietzsche se pose quand on se plonge dans Céline. Le livre est dur, cru, c'est une sorte de descente aux enfers à travers le XXe siècle, un siècle de violence et de misère. Mais heureusement que le langage célinien fait danser cette vie. Voyage au bout de la nuit est un livre à lire absolument.