« Ce fut la découverte la plus importante de sa vie. Il savait lire. Il possédait l'antidote contre le redoutable venin de la vieillesse. Il savait lire. Mais il n'avait rien à lire. »
Ne vous fiez pas à son titre : ceci n'est en aucun cas un roman à l'eau de rose, loin de là. Best-seller du chilien Luis Sepúlveda publié en 1992, traduit en trente-cinq langues et notamment en français par François Maspero, ce livre est un mélange d’aventures, de poésie, d’écologie et surtout une grande leçon d’humanité. Elle est empreinte de l’engagement politique de Luis Sepúlveda en faveur des peuples indigènes et sa contestation des dictatures passées.
Dans ce court roman d’une centaine de pages, l’auteur nous entraîne au fin fond de la forêt amazonienne, entre le Pérou et l’Equateur, dans le petit village d’El Idilio. C’est là que vit Antonio José Bolivar, un vieil homme, meurtri par la mort de sa femme Dolorès et passionné de romans d’amour tristes mais qui se finissent bien. Son quotidien va se trouver bouleversé lorsqu’un « gringo » sera amené mort par des Shuars, des indigènes vivant dans la forêt autour du village. Ces derniers seront accusés par la foule d’avoir tué l’homme mais le vieux, qui sait tout sur tout, reconnaît là l’œuvre d’une bête enragée, un jaguar femelle. Il se retrouve donc chargé de traquer la bête à travers la forêt, lui qui n’aspire qu’à la tranquillité auprès de ses romans d’amour.
On ne peut pas rester insensible à la lecture de ce roman. Tous
les mots sont une invitation au voyage, à la découverte d’une culture et d’un
mode de vie à l’opposé des nôtres. L' Amérique latine apparaît comme mystérieuse
et sauvage ; un endroit où il est bon de prendre son temps et d’apprendre
à connaître ceux qui nous entourent. Ce conte
philosophique donne une importance toute particulière à la nature, si belle
mais en même temps si cruelle. Cette nature menacée par la soif de pouvoir et d’argent
de l’homme mais qui, finalement, reprend ses droits.
Et que dire de la place faite aux livres dans ce roman ?
La lecture, à travers la vision du vieux, devient un moyen de rompre la
solitude et la monotonie du quotidien. Grâce à la beauté de la littérature, la réalité
semble surmontable et chacun peut alors faire face aux épreuves qui l’attendent.
- De l'amour.
A cette réponse du vieux, il se rapprocha, très intéressé.
- Sans blague? Avec des bonnes femmes riches, chaudes et tout?
Le vieux ferma le livre d'un coup sec qui fit trembler la flamme de la lampe.
- Non. Ca parle de l'autre amour, celui qui fait souffrir. »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire