“I
believe in whatever gets you through the night. Night is the hardest
time to be alive. For me, anyway. It lasts so long and 4am knows all
my secrets.”
Chef
de file d'une nouvelle génération d'auteurs entre littérature
underground et slatterpunk, Poppy Z. Brite a très tôt le goût des
histoires étranges. Dès l'enfance, elle griffonne des contes fantastiques. Adolescente, elle envoie des nouvelles à la presse spécialisée et parvient à vendre une fable horrifique au journal The
Horror Show.
Son univers bien à elle n'échappe pas au biographe de Stephen
King : Douglas Winter, qui lui adresse une lettre
d'encouragements. Forte de ces premiers succès, elle quitte le lycée
pour se consacrer entièrement à la rédaction de son premier
roman : Lost Souls.
Dans
ce livre est contée l'histoire de l'énigmatique Nothing, adolescent
en proie à une crise identitaire. Fumer et boire ne lui suffisent
plus. Il décide alors de s'enfuir afin de trouver un sens à sa vie.
Sa destination ? Missing Miles. Ville qui a vu naître deux âmes
en peine, Steve et Ghost ainsi que leur groupe de punk : Lost Soul. En
chemin, il sera pris en auto-stop par Zillah, Twig et Molochai, trois
vampires traversant le pays pour s'adonner à tous
les plaisirs possibles et inimaginables, qui se feront une joie de
l'éduquer. Il y a aussi Christian le philosophe qui trompe l'ennui
de la vie éternelle en tenant un bar dans le Vieux carré français.
Ces destinées sont toutes vouées à se croiser et à se détruire.
Entre le conte de fée et le récit fantastique, Brite nous livre un
road-trip au goût cuivré du sang humain.
La
dame de la Nouvelle Orléans met en place ce qui demeurera sa marque
de fabrique : des histoires sombres, glauques où règnent des
adolescents un peu trop portés sur les effusions de sang. Elle brise également les tabous les plus abjectes : inceste, pédophilie,
drogue, violence extrême. Certes des thèmes immoraux mais qui nous sont très
bien servis. Contrairement
à Exquisite Corpse et
Drawing Blood,
le style de la narration n'est point gore mais crue. Une plume efficace
pour faire monter la tension et maintenir le suspense jusqu'à
l'ultime moment.
"Maybe
they did what they had to do to live, and tried to get a little love
and have a little fun before the darkness took them.”
Lost
Souls
tord
le cou à bien des archétypes, notamment celui du vampire. Loin
des êtres torturés d'Anne Rice et un peu poussiéreux de Bram
Stoker, les créatures de Brite sont ultra modernes et Rock 'n' roll.
Toutefois, ce sont avant tout les sujets de l’adolescence, du désespoir, de la solitude et du rejet de l’autre qui sont abordés ici sous une forme allégorique et suprême.
Le lecteur n'a qu'une seule envie : s'enfuir à Missing Miles et se laisser guider par le son enivrant des Lost Souls. Par ce roman, la magicienne de l'écriture pose la première pierre à une œuvre colossale. Son pouvoir ?
Transcender la douleur pour lui faire atteindre une certaine beauté.
“The
sky is purple, the flare of a match behind a cupped hand is gold; the
liquor is green, bright green, made from a thousand herbs, made from
altars. Those who know enough to drink Chartreuse at Mardi Gras are
lucky, because the distilled essence of the town burns in their
bellies. Chartreuse glows in the dark, and if you drink enough of it,
your eyes will turn bright green.”
Lost
Souls,
1992
Drawing
Blood,
1993
Exquisite
Corpse,
1996
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