samedi 2 février 2013

14, Jean Echenoz

Alors que le flot de romans, de films, de documentaires consacrés à la Première Guerre mondiale semble se tarir pour laisser place à des ouvrages sur des conflits plus contemporains, Jean Echenoz, prend le contre pied des tendances du moment en nous proposant, sous le titre énigmatique de 14, une nouvelle vision de la grande guerre.

Le style miniaturiste, si caractéristique de l’auteur, se dévoile dès les premières lignes ciselées de la quatrième de couverture,  qui résument une intrigue minimaliste : «Cinq hommes sont partis à la guerre, une femme attend le retour de deux d’entre eux. Reste à savoir s’ils vont revenir. Quand. Et dans quel état. » L’intrigue sentimentale associée au tragique de la guerre, caractéristique fréquente des récits de guerre, déjoue pourtant les traditions du genre, maintes fois exploitées, et  que l'auteur juge souvent  « emphatique, excessive et à la longue ennuyeuse ».

Toute la délicatesse du style echenozien s’exprime par cette transcription de l’horreur de la guerre sans la dire véritablement, par sa capacité  à faire surgir en creux la tristesse et la fatalité sans recourir à une syntaxe lyrique ou grandiloquente mais grâce à un style  épuré et elliptique.  C’est ainsi qu’il pose sur Anthime et les cinq autres personnages du roman,  un regard distant, désinvolte et ironique comme il aime à le faire.

Après les succès de Je m'en vais ou de  Ravel ce nouveau roman concentre et synthétise le meilleur de l’écriture echenozienne en déplaçant l’attention du lecteur de la Grande Histoire vers le vécu contingent des personnages qui découvrent avec naiveté la réalité de la guerre au jour le jour.

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