"À partir du
mois de septembre l'année dernière, je n'ai plus rien fait d'autre qu'attendre
un homme : qu'il me téléphone et qu'il vienne chez moi ". Ainsi se résume Passion simple d'Annie Ernaux. L'auteure s'est déjà illustrée à de
nombreuses reprises dans le genre autobiographique : Les Armoires vides en 1974, La
Place en 1983 ou encore Une femme
en 1988. Dans ce texte, Annie
Ernaux semble, à première vue, nous proposer une histoire ordinaire, banale,
sans grand intérêt. À première vue, uniquement. Car, en effet,
dans Passion simple, ce n'est
pas le récit qui importe. Mais ce que réussit à en faire Annie Ernaux : porter
un regard critique et pertinent sur ce qu'a été sa "passion simple"
pour un homme d'affaires étranger qui l'a obsédée durant des mois. Et
finalement, c'est en cela que réside la force de ce texte autobiographique. À
partir de son expérience de femme, l'écrivaine donne une description
(devrait-on dire une définition ?) juste et intense de ce qu'est la passion,
dans laquelle ne cessent de continuellement s'entrelacer plaisir et douleur,
désir de possession et abandon de soi. Car, écrit-elle, " Tout était
manque sans fin, sauf le moment où nous étions ensemble à faire l'amour (...)
je vivais le plaisir comme une future douleur ".
Un texte bref, au
style incisif. Un texte bref, dans lequel chacun retrouve une part de soi. Un
texte bref, à lire absolument !
Passion
simple, Annie Ernaux. Gallimard, 1992.
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