vendredi 1 février 2013

Dino Egger d’Éric Chevillard


Connaissez-vous les Chuck Norris facts ? ces prouesses (probablement exagérées) attribuées à un héros de pacotille, ranger à ses heures perdues. D’une certaine façon, Chevillard en reprend le principe mais pour évoquer un personnage d’une toute autre envergure, Dino Egger. Ses inventions, ses pensées, son oeuvre ont véritablement transformé l’humanité, à l’instar d’un Aristote ou d’un Einstein. Le monde – notre monde ! – n’aurait pas été le même sans lui. Un détail néanmoins. Dino Egger n’a jamais vécu.

Frappé par cette inexistence scandaleuse, Albert Moindre, l’autre personnage du livre, part à sa recherche, épluche les états civils, guette la moindre trace de cet être légendaire. A défaut, il imagine les multiples circonstances dans lesquelles il aurait pu naître. Au cours de sa quête, narrée sous forme de monologue, Moindre s’arrache à lui-même afin de révéler les facts de Dino.

Chevillard excelle dans la composition de textes ludiques alliant un nonsense candide et une poésie désenchantée. Dans ce roman métaphysique, Dino Egger possède les allures d’un Godot à l’inexistence trop remplie, saturée d’attentes. L’ouvrage met également en scène une vie moindre, le destin d’un homme pas tout à fait à la hauteur de ses prétentions, engagé dans un combat intérieur, démesuré et dérisoire.

Éric Chevillard, Dino Egger, Paris, Minuit, 2011, 160 p.

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