
On
quitte le road movie rock'n roll et ultra-violent pour aller vers un
polar à la fois étouffant et inquiétant, mais aussi décomplexé,
au point de tendre vers la parodie. L'histoire de Soil se déroule
dans une ville dortoir, habitée par une population de classe moyenne
on ne peut plus banale, une petite ville où il ne se passe rien.
Pourtant un jour, une jeune fille disparaît en laissant dans sa
chambre une colonne de sel... Face aux recherches infructueuses, et à
l'incompréhension générale du phénomène, la police assigne deux
enquêteurs sur le dossier. Le premier est Onada, une jeune promue,
célibataire endurcie, à la féminité douteuse, sur-motivée mais
d'une maladresse affligeante. Elle est heureusement soutenue par un
coéquipier plus expérimenté, Yokoi, un quarantenaire misogyne,
adepte du harcèlement sexuel et d'une désinvolture qui ne cessera
d'exaspérer la jeune fille. Cette équipe de choc s'apercevra bien
vite que derrière l'image d'une petite ville paisible se cache une
population de névrosés, recluse sur elle-même, complotant sans
cesse, où les non-dits sont omniprésents.
Le
talent du mangaka pour détourner les genres se confirme, l'auteur
pose certes une situation conventionnelle, mais assumée et efficace,
et qui lui permet de jouer avec les codes. L'équilibre entre le
polar noir aux atmosphères étouffantes, et l'humour burlesque
reposant sur nos deux enquêteurs, donnent une originalité certaine
à la série. Mais surtout, comme dans tout bon polar, le scénario
n'a pas fini de vous surprendre, les complots s'entremêlent et les
jeux de dupes ne cesseront de vous compliquer la tache.
Atsushi
Kaneko ne cesse d'étonner et ne devrait pas tarder à s'imposer en
France comme une valeur sûre, le jury du Grand Prix de l'Imaginaire
ne s'y est pas trompé en remettant son prix de 2012 au dernier tome
de la série.
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