samedi 2 mars 2013

L’Absolue perfection du crime de Tanguy Viel


Sans transition, dès les premières lignes du livre, le lecteur de L’Absolue perfection du crime, plonge dans l’univers de Pierre, Marin et Andreï, trois petits caïds appartenant au même clan de la mafia locale.
Convainquant, le texte raconte le retour de Marin, le neveu préféré, fraîchement sorti de prison. Une retrouvaille qui marque le début de cette histoire : celle d’un hold-up, qui devrait permettre à cette famille, de se recomposer après une séparation forcée de trois ans.
Tanguy Viel confirme encore une fois sa passion pour le cinéma. Ce jeune écrivain brestois, né le 7 juillet 1973, ancien pensionnaire de la Villa Médicis, a une dizaine d’œuvres déjà publiées dont 7 romans et quelques fictions radiophoniques. Grand connaisseur des films policiers et de suspense, Viel y a puisé les références pour ce livre magnifiquement construit, à la manière même d’un scénario, avec un texte travaillé par montages de plans. Ainsi, les passages du champ au contre-champ cinématographique sont traduits dans ce polar raffiné, par une symbolisation de l'espace, avec des scènes qui se déroulent d’un côté et de l’autre de la rade de Brest. Chaque phrase a son suspens, sa tension interne pour dynamiser et mêler les éléments, pour faire la lumière, pour cadrer, faire l'arrière-plan, bref, pour conduire le mouvement narratif.
Même les dialogues, où plutôt des monologues sont traités comme des voix-off, avec tantôt de réflexions en première personne, tantôt à la deuxième personne, s’adressant à un autre qui peut aussi être soi-même. « Et on a continué à t’obéir, à s’agacer bien sûr, à surveiller tes nerfs bien sûr, mais obéir aux lois terrées d’une vie commune. Je me suis demandé souvent, Marin, ce qui fait que toujours on s’encorde à ce qu’on déteste. Mais je ne te détestais pas, Marin, on ne se détestait pas, parce qu’on était de la même famille. Et cela, cette famille, même mort, il faudra l’honorer. »
C’est la voix de Pierre qui retrace cette histoire. Pierre qui n’est pas un cinéphile comme le personnage du précédent roman de Tanguy Viel, Cinéma. Pierre, le narrateur qu’ici, « joue » un rôle pour faire semblant ou pour recréer la casse du casino pour la police.
Situé dans le Brest natal de l’auteur, ce polar était pour lui, une bonne manière de « faire une histoire familiale sans que ça se voie trop. »

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