lundi 16 janvier 2012

Il faut qu'on parle de Kevin, de Lionel Shriver


Il faut qu’on parle de Il faut qu’on parle de Kevin, de Lionel Shriver édité chez Belfond en 2006. L’auteur du récent Tout ça pour quoi nous narre ici l’histoire poignante d’une mère américaine dont le fils a commis un massacre dans son lycée, comme lors des évènements mis en scène dans Bowling for Columbine de Michael Moore ou Elephant de Gus Van Sant.
Au fil de lettres envoyées à son mari absent, Eva retrace son passé, l’histoire de son couple et la naissance de ce fils étrange et détaché, jusqu’à l’acte final, tout en entrecoupant ce récit de mentions de sa vie présente, « post-jeudi » comme elle qualifie le jour du massacre, et de sa relation avec le monde et avec son fils en prison.
Le récit particulièrement violent et choquant parfois, de cette relation froide et détachée entre une mère et son enfant, qui va à l’encontre de tous les discours moralisateurs adressés aux parents aujourd’hui, est soutenu par une narration particulièrement efficace  : l’auteur alterne les longues phrases remplies de digressions, d’à-côtés et de réflexions personnelles et les formules lapidaires, incisives, qui reflètent parfaitement l’histoire à la fois fantaisiste, disjointe et violente de cette mère.
Shriver arrive à se tirer d’un exercice délicat en sortant des sentiers battus et en tirant au cœur des problèmes actuels de la société américaine. Sans concession, elle nous montre le parcours d'une femme aujourd'hui, face à la société, à sa famille, à elle-même, tout en réussissant le pari de ne pas abandonner l’émotion et les sentiments. Vous sortirez de cette lecture bouleversés et changés.

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