Il faut qu’on parle de Il
faut qu’on parle de Kevin, de Lionel
Shriver édité chez Belfond en 2006. L’auteur du récent Tout ça pour quoi nous narre ici l’histoire poignante d’une mère
américaine dont le fils a commis un massacre dans son lycée, comme lors des
évènements mis en scène dans Bowling for Columbine de Michael Moore ou Elephant de Gus Van Sant.
Au fil de lettres envoyées à
son mari absent, Eva retrace son passé, l’histoire de son couple et la
naissance de ce fils étrange et détaché, jusqu’à l’acte final, tout en
entrecoupant ce récit de mentions de sa vie présente, « post-jeudi »
comme elle qualifie le jour du massacre, et de sa relation avec le monde et
avec son fils en prison.
Le récit particulièrement
violent et choquant parfois, de cette relation froide et détachée entre une
mère et son enfant, qui va à l’encontre de tous les discours moralisateurs
adressés aux parents aujourd’hui, est soutenu par une narration
particulièrement efficace : l’auteur alterne les longues phrases remplies de
digressions, d’à-côtés et de réflexions personnelles et les formules
lapidaires, incisives, qui reflètent parfaitement l’histoire à la fois
fantaisiste, disjointe et violente de cette mère.
Shriver arrive à se tirer
d’un exercice délicat en sortant des sentiers battus et en tirant au cœur des
problèmes actuels de la société américaine. Sans concession, elle nous montre le parcours d'une femme aujourd'hui, face à la société, à sa famille, à elle-même, tout en réussissant le pari de
ne pas abandonner l’émotion et les sentiments. Vous sortirez de cette lecture
bouleversés et changés.
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