lundi 16 janvier 2012

Saveur du vice

« J'ai pétri de la boue et j'en ai fait de l'or. »
(Reliquat des Fleurs du Mal, Bribes)


Que se rappelle-t-on de Charles Baudelaire ?
           Un homme au front proéminent, aux cheveux longs et à l'air soucieux sur un vieux daguerréotype. Et les Fleurs du Mal. Ces dernières restent généralement la porte pécheresse par laquelle on entre dans l’œuvre du poète.
       Les motifs développés y sont variés, mais l'atmosphère, lourde fragrance capiteuse, demeure : « Charme profond, magique, dont nous grise dans le présent le passé restauré ! Ainsi l'amant sur un corps adoré du souvenir cueille la fleur exquise. ». Les tentatrices aux yeux de serpents pullulent, et la Mort, envoûtante et funeste, « noire et pourtant lumineuse » (poème 38, Un Fantôme) s'immisce entre chaque vers.
            Si les poèmes de Baudelaire continuent à nous parler aujourd'hui, ils n'en sont pas moins attachés à leur époque. A une esthétique de la tourmente s'ajoute une écriture frénétique et tressautante, qui coïncide étrangement avec la généralisation de l'électricité. Où quand révolution industrielle et révolution poétique vont de pair... Baudelaire, avec ce recueil, chargé d'un érotisme noir, incarne la modernité.
            Sensible aux changements de son époque, Baudelaire offre une œuvre intemporelle avec ce bouquet de Fleurs du Mal. Un bouquet de roses noires, évidemment.

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