« J'ai pétri de la boue et j'en ai fait de l'or. »
(Reliquat des Fleurs du Mal, Bribes)
Que se rappelle-t-on de Charles
Baudelaire ?
Un
homme au front proéminent, aux cheveux longs et à l'air soucieux sur un vieux
daguerréotype. Et les Fleurs du Mal.
Ces dernières restent généralement la porte pécheresse par laquelle on entre
dans l’œuvre du poète.
Les
motifs développés y sont variés, mais l'atmosphère, lourde fragrance capiteuse,
demeure : « Charme profond, magique, dont nous grise dans le
présent le passé restauré ! Ainsi l'amant sur un corps adoré du souvenir
cueille la fleur exquise. ». Les tentatrices aux yeux de serpents
pullulent, et la Mort, envoûtante et funeste, « noire et pourtant
lumineuse » (poème 38, Un Fantôme) s'immisce entre chaque vers.
Si
les poèmes de Baudelaire continuent à nous parler aujourd'hui, ils n'en sont
pas moins attachés à leur époque. A une esthétique de la tourmente s'ajoute une
écriture frénétique et tressautante, qui coïncide étrangement avec la
généralisation de l'électricité. Où quand révolution industrielle et révolution
poétique vont de pair... Baudelaire, avec ce recueil, chargé d'un érotisme
noir, incarne la modernité.
Sensible
aux changements de son époque, Baudelaire offre une œuvre intemporelle avec ce
bouquet de Fleurs du Mal. Un bouquet de roses noires, évidemment.
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