C'est un livre surprenant aux multiples facettes
qui se révèlent petit à petit. Si on se réfère à la quatrième de couverture, on
croit avoir entre les mains un thriller : des adolescents disparaissent au fil
des années dans l'indifférence générale. Ces disparitions sont le fil
conducteur du roman mais ne sont pas le sujet principal. En fait, c'est le
décor qui tient la place majeure dans le livre.
Le roman se situe à Intraville, lieu autrefois actif
avec son complexe chimique, aujourd'hui ignoré de tous depuis la fermeture de
l'usine qui a empoisonné la terre et les gens. Intraville, c’est un lieu fictif
mais qui fait penser à beaucoup d'endroits contaminés et abandonnés de par le
monde.
Cette ville, et surtout ce site industriel abandonné,
on les découvre au travers des yeux de Léonard le narrateur principal. Léonard,
comme la plupart des adolescents d'Intraville, est sans vrais parents : sa mère
est partie trouver un futur plus souriant ailleurs, son père est agonisant.
Leonard dit que pour garder l'espoir dans un endroit
comme Intraville, il faut aimer quelque chose et lui, ce qu'il aime c'est
l'usine et les livres.
Le roman est en fait le récit de tranches de la vie de
Léonard : on le suit en particulier à la bibliothèque où il se lie avec John le
bibliothécaire, il faut dire que dans une ville comme Intraville, peu de gamins
lisent Proust ou Dostoïevski. Les multiples références littéraires ou
cinématographiques sont un vrai régal.
Mais les passages les plus beaux sont les descriptions
de l'usine où il va régulièrement se promener. Il y a en particulier une page
superbe où il va se réfugier dans une ancienne grue qui surplombe la zone alors
qu'un orage vient d'éclater.
C'est superbe de poésie, il faut dire que John
Burnside est poète avant d'être romancier et qu'il a reçu, en 2011, le
« Forward Poetry Prizes » qui est la principale des récompenses
destinées aux poètes en Grande-Bretagne.
Le livre est riche de bien d'autres histoires en
parallèles, de moments forts que je ne veux pas déflorer.
Les personnages sont tous ciselés, sculptés avec
minutie, même les plus secondaires.
En résumé, un très beau livre qui laisse un souvenir persistant.
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