lundi 16 janvier 2012

Voyage au bout de la nuit, toujours de Louis-Ferdinand Céline

ça débute comme ça. Simplement, un café en terrasse ; le fond de l'air est froid, on en parle, et d'autres choses. Un régiment passe, c'est la guerre, hop on s'engage. Hop c'est l'enfer.
Ferdinand Bardamu, comme vous l'indique le titre, voyage. D'abord à travers les paysages de la France en guerre, abandonnés puis repeuplés de fous qui s'entretuent furieusement et sans comprendre à quel point il est imbécile de se charcuter à tour de bras comme ça. Ensuite en Afrique, où ce n'est plus à la guerre qu'il doit faire face, mais au colonialisme, autre versant de la cruauté des Hommes, guère plus reluisant. Il fuit pour (en) finir de l'autre côté de l'océan, en Amérique, c'est le rêve à ce qu'il paraît ; il n'y trouvera pourtant que de l'exploitation. Autant revenir en France, s'établir comme médecin, et qu'on n'en parle plus.

Ce Voyage au bout de la nuit n'est pas une lecture reposante ; Céline nous embarque sans ménagement dans son roman-fleuve, au cours duquel il s'emploie à démontrer consciencieusement que l'homme est un loup pour l'homme. Abordant tour à tour les sujets historiques de la Grande Guerre, du colonialisme européen, et du taylorisme américain, il nous brosse un portrait de l'Humanité aussi désespérant que désarmant : guidés par une soif inextinguible de domination, prompts à abandonner toute idée de valeur humaine, les Hommes semblent ne pas pouvoir vivre autrement qu'en plongeant la tête la première dans leur folie destructrice. C'est peut-être comprendre cela, que de voyager jusqu'au bout de la nuit.


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