mercredi 9 mars 2011

Bernard QUIRIGNY, Les Assoiffées, Seuil, 2010.

Belgique, 1970. Menées par Ingrid et sa fille Judith, celles qu’on nomme « Les Bergères », les femmes prennent le pouvoir. La révolte féministe s’étend et le Benelux, rebaptisé « L’Empire », constitue désormais une société d’où les hommes sont exclus, réduits en esclavage.
Bernard Quirigny est l’auteur de L’Angoisse de la première page et de Contes Carnivores, deux recueils de nouvelles fantastiques, respectivement parus en 2005 et 2007. Les Assoiffées est son premier roman.
L’auteur s’attaque ici au genre de l’anticipation, et met en scène toute une galerie de personnages confrontés à un système totalitaire broyant les âmes et les hommes, au sens propres comme au sens figuré. Le récit de Bernard Quirigny fait alterner deux histoires, un chapitre après l’autre. La première est celle d’un groupe de touristes, les premiers depuis plus de vingt ans à pénétrer l’Empire. Mené par Jean-Paul Gould, écrivain, journaliste, essayiste, fat touche-à-tout icône du starsystem, les touristes seront baladés dans des décors de carton- pâte, bercés par une propagande éhontée qui mettra leur peu de sens critique à rude épreuve. Ces personnages se feront alternativement narrateur, pour nous livrer leurs impressions sur le régime, à la manière d’un reportage. On suit parallèlement Astrid, modeste sujette de l’Empire qui, des bas-fonds d’une infirmerie crasseuse où elle soignait les hommes enfermés, atteindra par hasard les plus hautes sphères de la société des « Bergères ».
Dans cette aventure politico-burlesque, Bernard Quirigny s’attache plus à démonter les rouages de la dictature et la fascination qu’elle peut inspirer chez les esprits faibles, qu’à dénoncer le féminisme. Ce dernier n’est dans le livre qu’un prétexte, destiné à lâcher la bride à l’imagination débordante de l’auteur. Cependant, le système décrit, terrifiant en soi, ne manquera pas de générer un surplus de sueurs froides dans le dos des hommes.
Peut-être les lecteurs exploreront-ils avec ce livre leurs propres limites en matière d’humour noir.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire