mercredi 2 mars 2011

Léviathan, Scott Westerfeld, Pocket Jeunesse, 2010


Première guerre mondiale, monstres génétiques et robots géants. Avec son nouveau titre, Léviathan, Scott Westerfeld ne semble pas faire dans la finesse. Il s'en sort pourtant brillamment.

L'auteur américain, spécialisé dans la science-fiction et les écrits jeunesse, est un habitué des sagas fantastiques destinées aux adolescents. Ayant d'abord touché à la magie et aux démons avec les Midnighters, puis à l'anticipation dystopique dans la série des Uglies, il s'essaye aujourd'hui à l'uchronie agrémentée d'une pointe de steampunk.

Léviathan nous projette donc à l'aube de la première guerre mondiale, dans une Europe scindée en deux camps. D'un coté les Darwinistes, experts en manipulation génétique et hybridation animale, utilisant de gigantesques bêtes pour armes. De l'autre les Clankers, adeptes des machines, combattants à bords de formidables tanks. Le roman nous narre les aventures du prince Aleksandar, héritier du trône austro-hongrois, et de Deryn, jeune anglaise darwiniste. Le premier sera forcé de fuir son pays suite à l'assassinat de ses parents tandis que la seconde se fera passer pour un homme afin d'intégrer la flotte militaire anglaise. Les deux jeunes héros vont vite être amenés à se rencontrer, et à embarquer tous les deux sur le Léviathan, une baleine volante aux allures de gigantesque zeppelin organique.

Si l'on n'échappe pas à l'action, très présente, et aux personnages manquant quelque peu de profondeur, écueils réguliers de la littérature adolescente, Westerfeld livre cependant un récit très bien tenu. Les héros évitent les stéréotypes, ni trop couards, ni trop courageux, les événements se déroulent avec fluidité, par l'alternance des points de vue entre Alek et Deryn, et cet univers au premier abord invraisemblable apparaît finalement plus subtil qu'on ne l'aurait cru, l'auteur se permettant de nombreuses explications techniques, et faisant références à des événements historiques réels qui apportent à l'ensemble une cohérence et une crédibilité agréable.

Crédibilité renforcée par l'habillage du livre. Richement illustré, doté d'une couverture cuivrée, l'objet, à mi-chemin entre le livre et le graphic novel, donne le ton, dépeint un univers steampunk, mécanique autant que vivant. Par cette atmosphère très réussie, dans son fond et dans sa forme, l’ouvrage ravira tous les amateurs de fantastique et d'aventure, jeunes et adultes, et se permet même d'être didactique via ses nombreuses références à l'histoire. De l'uchronie pour adolescent certes, mais d'excellente qualité.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire