mercredi 2 mars 2011

Un bon Bifteck, qui peut refuser ?

Bifteck, de Martin Provost, 2011, éditions Phébus.

Un bon Bifteck, qui peut refuser ?

Ce troisième roman de Martin Provost, surtout connu pour son travail de cinéaste, avec notamment Séraphine en 2008, a pour toile de fond la Bretagne, et plus précisément la ville de Quimper.

Le héros, André Plombeur, ne connaît du monde extérieur que la boucherie tenue par ses parents, dans laquelle il travaille depuis ses plus tendres années. Vient la Première Guerre mondiale et, les hommes partis au front, l’adolescent voit s’accumuler devant son comptoir ces dames en mal d’amour. Car André s’est découvert un don, celui de « faire chanter la chair » féminine, et celle à qui il remet le meilleur morceau de bœuf, l’araignée, sait qu’elle recevra les faveurs du jeune boucher ce jour-là.

Mais une fois la guerre terminée, les maris rentrent chez eux et André se voit bientôt l’heureux père de un, puis deux, trois et au final de sept bambins, tous déposés anonymement devant la boucherie familiale, provoquant ainsi la consternation et la mort fulgurante de ses parents.

Menacé par l’un des époux cocufiés, le jeune héros décide de fuir pour l’Amérique avec ses marmots sous le bras. Commence alors un long voyage en bateau vers une destination rêvée, et qui aboutit à l’arrivée de la petite famille sur une île déserte et psychédélique…

Bifteck est un livre pour les amoureux de la viande tant il regorge de métaphores bovines, et ce style savoureux donne tout son intérêt à la première partie du récit, qui accumule les situations rocambolesques et improbables. Cependant, la seconde partie de l’œuvre s’essouffle quelque peu, car l’arrivée sur l’île marque le passage vers un univers en complet décalage avec la réalité. De ce fait, le lecteur a du mal à adhérer à la fin du récit, qui laisse perplexe, voire sceptique ; et l’on peut dire que l’on reste sur sa faim.

Ce livre au ton léger et drôle s’adresse à un public aimant le texte court u la nouvelle (Bifteck faisant cent vingt-cinq pages) et la localisation de l’action en Bretagne peut laisser présager de très bonnes ventes dans cette région.

Bifteck est avant tout une histoire d’amour, amour de la chair d’abord, qui se transforme par la suite en amour paternel, dans une épopée digne des grands héros de l’Antiquité.

Un court extrait de l’œuvre vous permettra d’en saisir plus aisément les subtilités :

« Loïc et Fernande supplièrent, tempêtèrent, menacèrent leur fils de fermer à jamais la boucherie, de vendre ou d’y flanquer le feu, quitte à trahir les ancêtres, rien n’y fit. Il était en congé. Maternité oblige.

Un autre enfant survînt, puis un troisième, un quatrième, et ce pendant six mois, jusqu’à la dernière gueule cassée revenue du combat. En tout, il en hérita de sept dont il accepta chaque fois la charge avec joie. » (p.21)

1 commentaire:

  1. Ce livre a l'air sympa! Je vais peut être essayer de le proposer à un de mes amis végétariens s'il me plaît suffisamment...

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