mercredi 2 mars 2011

Le Cœur régulier, Olivier Adam, Editions de l’Olivier, 2010.

Le cœur régulier de Sarah, héroïne du dernier roman d’Olivier Adam, s’est enrayé depuis la mort de son frère aimé, Nathan, qu’elle soupçonne de s’être suicidé. Du haut de la falaise du village japonais où elle s’est réfugiée se jettent les désespérés, ceux que Natsumé, mystérieux policier à la retraite, n’a pu sauver. C’est ici que va errer Sarah, sur les traces de Nathan, sur les traces de ses dernières heures de bonheur, avant cet accident de la route.

Écrivain de l’absence et du deuil, Olivier Adam n’en est pas à son coup d’essai. Je vais bien ne t’en fais pas, son premier roman (et bestseller rapidement adapté au cinéma), déclinait déjà ses thèmes de prédilection. Olivier Adam a grandi, écrit d’autres romans tels qu’ À l’ abri de rien ou Vents contraires et l’écriture de cet encore tout jeune homme s’est étoffée, sans pour autant réellement évoluer.

Et voilà peut-être ce qui gêne dans Le Cœur régulier (2010, Éditions de l’Olivier) : on a l’impression d’avoir déjà lu ceci, en mieux, et pas forcément chez Adam. Installée dans ce village au bord de la falaise, recueillie chez Natsumé, personnage silencieux, ancien policier qui tente de réapprendre à vivre à ceux qu’il a sauvés du grand saut, Sarah considère sa vie, son cœur régulier auprès d’un mari carriériste, d’adolescents banals, son travail sans intérêt et ennuyeux. Et son obsession empreinte de culpabilité à l’égard de son frère, égoïste écrivain raté, anarchiste donneur de leçon et squatteur, détestable souvent, pitoyable enfin, ce frère qu’elle a perdu et qu’elle pense avoir trahi en choisissant la vie qu’elle a choisie. Ce frère dont le sort alimente son trouble.

Les mots d’Adam, qui excellent à dire les sentiments, glissent sur les paysages du Japon qui n’ont que la profondeur des photos de vacance. Seuls les souvenirs de Sarah prennent alors une certaine envergure même si Adam n’évite pas les clichés de la femme malheureuse et du mari gentil que seule la réussite de façade obsède…

Et pourtant, Olivier Adam nous convainc une nouvelle fois qu’il sait écrire et que sa subtilité n’a d’égale que sa sensibilité. Néanmoins, Le Cœur régulier manque encore de cette indéfinissable touche qui lui donnerait l’envergure d’un grand roman.

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