mercredi 16 mars 2011

L'ÉTABLI de Robert Linhart

Mai 68 s’inscrit dans nos mémoires comme un élan de solidarité entre étudiants et ouvriers.

En effet, ils furent quelques dizaines puis quelques milliers à faire le choix de quitter la vie intellectuelle pour vivre aux côtés d’ouvriers… On les appelle alors « les établis » !

Robert Linhart, figure emblématique de l’Union des jeunesses communistes marxistes-léninistes, nous ouvre ici les portes d’une des grandes usines de Citroën de Choisy où il entre comme ouvrier spécialisé en mai 1967.

On découvre alors le microcosme de l’usine : les chefs puants comme Huguet et Dupré, Mouloud, l’Arabe, les Yougoslaves, Pavel, Georges et Stepan… Linhart se retrouve confronter à la fatigue, au racisme, à la cadence infernale de la machine et à la difficulté de faire naître un mouvement de révolte.

À travers son regard quotidien, Linhart nous offre un poignant témoignage sur la réalité des conditions de vie à l’usine et pose ainsi la question de l’annihilation de l’homme face à la terrible machine.

Par un habile jeu d’écriture, Linhart imite parfaitement le rythme du travail à la chaîne : « Gémissement de la chaîne qui redémarre, avec son cliquetis de crochets, les grincements de ses engrenages – toutes ces machines qui vibrent sous nos pieds - […] Gerbes d’étincelles. Flammes des chalumeaux. Coups de marteaux. Coups de poinçons. Raclement de limes. »

Il nous livre ici un beau récit de couleur grise, à l’odeur de cambouis et au son des roulis des machines.

Il s’agit là d’un ouvrage marquant et incontournable sur les années 60 qui reste toujours d’actualité !

À ce sujet, soulignons le récent documentaire de Virginie Linhart, Mai 68, mes parents et moi, sur le combat de son père et de toute une génération.

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