Mai 68 s’inscrit dans nos mémoires comme un élan de solidarité entre étudiants et ouvriers.
En effet, ils furent quelques dizaines puis quelques milliers à faire le choix de quitter la vie intellectuelle pour vivre aux côtés d’ouvriers… On les appelle alors « les établis » !
Robert Linhart, figure emblématique de l’Union des jeunesses communistes marxistes-léninistes, nous ouvre ici les portes d’une des grandes usines de Citroën de Choisy où il entre comme ouvrier spécialisé en mai 1967.
On découvre alors le microcosme de l’usine : les chefs puants comme Huguet et Dupré, Mouloud, l’Arabe, les Yougoslaves, Pavel, Georges et Stepan… Linhart se retrouve confronter à la fatigue, au racisme, à la cadence infernale de la machine et à la difficulté de faire naître un mouvement de révolte.
À travers son regard quotidien, Linhart nous offre un poignant témoignage sur la réalité des conditions de vie à l’usine et pose ainsi la question de l’annihilation de l’homme face à la terrible machine.
Par un habile jeu d’écriture, Linhart imite parfaitement le rythme du travail à la chaîne : « Gémissement de la chaîne qui redémarre, avec son cliquetis de crochets, les grincements de ses engrenages – toutes ces machines qui vibrent sous nos pieds - […] Gerbes d’étincelles. Flammes des chalumeaux. Coups de marteaux. Coups de poinçons. Raclement de limes. »
Il nous livre ici un beau récit de couleur grise, à l’odeur de cambouis et au son des roulis des machines.
Il s’agit là d’un ouvrage marquant et incontournable sur les années 60 qui reste toujours d’actualité !
À ce sujet, soulignons le récent documentaire de Virginie Linhart, Mai 68, mes parents et moi, sur le combat de son père et de toute une génération.
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