mercredi 9 mars 2011

Qu’est-ce que la rencontre entre deux mondes ?

Parle-leur de rois, de batailles et d’éléphants (Prix Goncourt des lycéens 2010) est le dernier roman de Matthias Énard.

Dénigré par le Pape Jules II, Michel-Ange répond au mépris du souverain pontife en quittant Rome et l’Occident chrétien. Il profite de l’invitation que le Sultan Bayazid lui a envoyée pour s’embarquer à destination de Constantinople où il accoste le 13 mai 1506. Déjà célèbre pour son David, le maestro a pour tâche de dresser les plans d’un pont en plein cœur de la capitale ottomane, « un pont militaire, un pont commercial, un pont religieux », mais il peine à trouver l’inspiration. Les sentiments viennent bouleverser le séjour de l’artiste : une danseuse hante son esprit, tandis que son guide, le poète de cour Mésihi, de plus en plus mélancolique, ne peut masquer l’amour qu’il lui porte.

Michel-Ange découvre un monde peu connu, voire inconnu ; la ville mystérieuse ne se dévoile qu’à demi, dans une atmosphère trouble, entre enchantement et cruauté.

La sensualité du texte nous révèle les parfums, la matière et la rumeur de la capitale ottomane : rues, cours et palais s’ouvrent pour nous. Épousant les émotions des personnages, la langue d’Énard emporte ses lecteurs, le temps d’un voyage -trop bref- avec Michel-Ange.

Mathias Énard, Parle-leur de rois, de batailles et d’éléphants, Actes Sud, 2010.

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